GRAMMAIRE de la LANGUE SYMBOLIQUE

LISTE DES MOTS

Tout langage a sa grammaire, c'est-à-dire les règles qui permettent d'utiliser correctement son vocabulaire. Toutefois, il est important de comprendre que le langage proposé dans ce site, est celui de l'âme humaine. Il ne sert donc pas à décrire le monde extérieur, il sert à comprendre et à répertorier notre monde intérieur, celui de notre dimension psychique, celui que l'homme cherche à analyser depuis toujours, et qu'il a étiqueté : Psychologie et plus récemment : Psychanalyse. Il ne faut toutefois pas oublier que l'étude de l'homme a d'abord été faite dans le cadre de la Philosophie, dans le monde antique grec, qui a cherché à expliquer l'homme dans ses liens avec la nature et la cité. Ce n'est qu'ensuite que la Théologie a mis en place une étude de l'homme dans sa relation avec Dieu. Il n'en reste pas moins vrai qu'on se réfère à l'un ou à l'autre de ces quatre termes chaque fois qu'on essaie de décoder et de comprendre le fonctionnement humain.

Toutes les sciences ont leur propre langage, et tous ces langages ont été découverts. Leur découverte a du reste rendu obsolètes toutes les découvertes précédentes, écrites en langue vernaculaire, c'est-à-dire dans la langue ordinaire courante - et donc fausse. Car chaque science a sa langue spécifique, que ce soit la mathématique, la physique, la chimie etc... c'est leur langue qui leur donne leur caractère scientifique, indéniable, sur lequel tous les savants spécialistes peuvent s'entendre et se comprendre.

La psychologie n'a jamais pu remplir ces critères. Il y a beaucoup d'écoles, beaucoup de méthodes, beaucoup de contradictions, beaucoup de résultats décevants, mais cela ne semble gêner personne. C'est ainsi. Certains pensent même qu'on ne peut faire mieux que ce qui existe, tel que cela existe. L'ennui, c'est que la psychologie ne peut du coup être classée parmi les sciences exactes.

Hypothèse de base

Si le rêve utilise un langage codé, ce langage pourrait bien être celui de la psychologie (=étude de l'âme en grec), c'est-à-dire celui qui permettrait à l'être humain de se comprendre et de s'analyser, de façon juste, claire et simple. Ce langage pourrait mettre d'accord tous ceux qui s'intéressent à l'âme humaine, que ce soit dans le domaine psy, religieux (= spirituel), philosophique ou théologique, puisque toutes ces approches sont centrées sur le même objet d'étude : l'homme dans sa relation avec lui-même, avec autrui et avec Dieu.

J'insiste sur le fait que cela doit rester une hypothèse, tant que cela n'a pas été vérifié par une expérimentation à grande échelle.

Nature...

Cela nous ramène à la grammaire... qui définit la nature et la fonction de tout le vocabulaire utilisé dans une phrase. Le sujet et le complément d'objet sont des fonctions. La nature des mots varie. Il y en a 9 en français, 5 variables, et 4 invariables ( noms, pronoms, verbes, adjectifs, articles, adverbes, prépositions, conjonctions et interjections).

ego ==...ou...== âme

Dans la langue symbolique, il n'y a que deux natures : celle de l'âme et celle de l'ego. L'être humain est d'une extrême complexité, mais les choses sont infiniment plus simples si on considère sa dualité intérieure. L'homme sort de l'animalité, et accède peu à peu à son humanité. C'est son ego qui fait de lui un animal, et c'est en se dissociant de lui, de façon pleinement consciente et raisonnée, qu'il réussira enfin à devenir pleinement humain.

Ce processus est parfaitement naturel, mais il me semble qu'il est temps de le savoir clairement : cela donnerait à notre humanité le coup de pouce nécessaire pour accélérer son évolution. Cela ne jette pas l'anathème sur les animaux. Cela signifie seulement que ce qui est bon pour eux ne peut être bon pour nous, les hommes. C'est pourquoi il nous faut trouver nos propres comportements, radicalement différents de ceux des autres espèces (basés sur la loi du plus fort), afin de nous réaliser enfin en tant qu'êtres humains. Cette réalisation suppose que nous fassions le choix de notre âme. Si celle-ci est immortelle (selon ce qu'affirment toutes les religions), alors nous découvrirons probablement que cette immortalité psychique est en même temps notre divinité. Et nous serons sans doute très surpris de comprendre que cette divinité était simplement notre humanité. Car, si le diable est un symbole (celui de l'ego), Dieu en est un aussi : celui de notre âme, parce que notre vocation est de devenir cette âme. Or, notre âme est humaine. Nous en avons le potentiel, puisque nous sommes des "êtres humains". Encore faut-il réaliser ce potentiel. À mon avis, nous y sommes prêts...

... et Fonction

La psychologie. Dans ses multiples approches, on trouve certains points communs. L'objectivité, par exemple, est un paramètre délicat, sur lequel toutes les écoles s'entendent pour dire que cela est très difficile, sinon impossible. Et c'est vrai.

En effet, le sujet ne peut s'observer en tant qu'objet. La subjectivité du sujet s'oppose à l'objectivité de l'objet. Effectivement, le JE en tant que sujet, ne peut se regarder lui-même objectivement puisqu'il n'a pas la distance nécessaire. En revanche, le regard objectif qu'on peut porter sur l'autre vient du fait qu'on peut le regarder comme un objet posé devant soi, (et donc visible objectivement).

La psychanalyse. Toutefois, ce paramètre est insuffisant, parce qu'il ignore la projection. En effet, le regard porté sur autrui n'est pas nécessairement objectif (grâce à la distance) : Si le sujet est inconscient (aveugle sur lui-même), il risque de polluer gravement sa propre objectivité en prêtant à l'autre ce qui n'appartient qu'à lui... Or, tout ce qui est inconscient est projeté. C'est une autre grande règle de la psychanalyse.

Des exemples ? Tous nos jugements et toutes nos condamnations d'ordre moral.

... Le puritain qui voit la femme comme "une pècheresse" projette sur elle ses propres turpitudes, car s'il était clair vis-à-vis de la sexualité (=libéré du sexe), il pourrait voir une femme nue danser devant lui, sans en être ému. Sa réaction de honte ou de gêne ne trahit que lui : ce qui l'obsède révèle en réalité son problème personnel vis-à-vis des femmes. Son ego (le diable) se projette sur le sexe opposé pour le diaboliser. Le puritain est la première victime de son ego, tout comme le jaloux.

... Le jaloux. Il y a deux grands types de jalousie : 1) Celle du coureur, qui ne fait que prêter à sa compagne des désirs qui sont les siens. 2) L'autre source est le manque de confiance en soi. Là aussi, il y a projection (sur le conjoint, à qui on ne peut pas faire plus confiance qu'en soi-même, et sur les partenaires potentiels qui sont forcément plus désirables que soi, puisque la comparaison se fait toujours à son propre détriment).

... Le menteur accuse facilement les autres de mensonge, tout simplement parce que c'est son propre défaut, et qu'il le prête aux autres : On ne peut imaginer chez autrui que les fonctionnements qui nous sont familiers.

... Le naïf (inversement) se laisse duper parce que la franchise est sa seule référence : c'est pourquoi il la projette sans discernement sur les autres, jusqu'à ce que l'expérience lui apprenne à se méfier.

Il me semble nécessaire d'ajouter que la projection touche tout le monde, y compris le psy ou le thérapeute. De plus, le savoir ne suffit pas pour l'éviter, car le seul moyen pour ce faire est d'avoir évacué tous les contenus de l'inconscient. Vaste programme, dont on ne peut venir à bout sans avoir effectué la visite de son propre inconscient. Cette visite ne peut se faire, selon moi, sans l'aide des rêves. Voici deux exemples célèbres :

... Freud. Il a tout ramené au sexe et à la mère. On ne peut exclure l'hypothèse qu'il ait eu lui-même un problème sexuel non réglé, assorti d'une relation difficile avec sa propre mère : il avait paraît-il mal au ventre le dimanche, quand il avait programmé d'aller la voir. C'est un signe qui ne trompe pas (d'après moi). Si toute sa théorie est effectivement basée sur la projection de ces deux situations personnelles, il est urgent de la remettre en cause. Cela a du reste été fait. Freud reste malgré tout un monument de la psychanalyse. Certes, ce qu'il dit convient à tous ceux qui ont ce type de problème, mais cela est très réducteur, voire désastreux, d'appliquer sa théorie à tout le monde, sans discernement.

Je suis formelle : sa définition du rêve (="la réalisation d'un désir inconscient") est non seulement fausse, mais dangereuse. Elle culpabilise, en laissant entendre que les cauchemars sont la mise en oeuvre de phantames morbides censurés par le conscient, et autorisés par l'inconscient. Les rêveurs ne s'y retrouvent pas... et l'acceptent pourtant souvent. Puisque Freud l'a dit, puisque mon psy me le dit. Ils savent mieux que moi, ils sont les spécialistes. Faux. Le rêveur est celui qui sait. Simplement, on ne lui propose pas la bonne piste, celle où il pourrait dire enfin, comme le célèbre commissaire : Mais c'est bien sûr !

... Jung. Sa méthode est plus juste, mais il lui manque un paramètre, celui de l'ego. C'est pourquoi il l'a confondu avec l'anima (=l'âme), ce qui est pour le moins gênant. Il parle donc d'âme négative ou dangereuse, alors que le seul élément inquiétant de notre monde intérieur est l'ego. Par ailleurs, il a un peu oublié le plan de l'objet, au profit de celui du sujet. Certes, il a su reconnaître, le cas échéant, un 'complexe paternel', mais il ne tient pas suffisamment compte du pouvoir des proches sur le rêveur. Il a été mon guide pendant plusieurs années, mais j'ai dû trouver d'autres pistes, lorsque j'ai réalisé que son approche contenait un obstacle qui condamnait les rêveurs à faire du sur place.

On ne peut accompagner autrui au-delà des limites de sa propre évolution, c-à-d de ses propres prises de conscience. Autrement dit, tout thérapeuthe qui n'a pas réglé un problème personnel, risque de le projeter sur ses patients. Une dame en processus de deuil me confia un jour que sa psy lui conseillait à chaque séance de s'engager dans une nouvelle relation sentimentale, seul moyen de guérir selon elle. Or, elle n'en avait ni l'envie, ni le besoin. Manifestement, c'était une projection personnelle de sa thérapeute.

Cette analyse permet de comprendre comment fonctionne le transfert en psychananalyse. Le transfert est une projection basée sur le déplacement d'un sentiment pour une personne sur une autre. C'est ainsi qu'on peut haïr sa belle-mère, non pas parce qu'elle est haïssable, mais parce qu'on projette sur elle les difficultés relationnelles qu'on a avec sa propre mère, et qu'on refuse de voir clairement, parce qu'elles font trop souffrir. On peut aussi élire une 'mère spirituelle' pour compenser un manque chez sa génitrice. Dans ce cas, le transfert est positif. Lorsque cette opération se fait sur le psy, celui-ci se retrouve devant un patient agressif, ou au contraire, affectivement dépendant de lui. Il se protège alors avec le contre-transfert.

Or, la projection suppose une inconscience (=une ignorance) vis-à-vis d'une situation affective. Le pouvoir de la mère sur le sujet, (pouvoir qu'elle utilise ou que le sujet lui donne) peut être lié à un cordon non-coupé, mais aussi au fait que l'ego interdit au sujet de se libérer en le culpabilisant. Ces choses-là doivent être dites (expliquées) par le psy.

Quand celui-ci ne parle pas (analyse freudienne), ou quand il n'identifie pas le vrai problème, il peut y avoir transfert sur le thérapeute, car son pouvoir se rajoute à une situation déjà confuse. Le patient le ressent et c'est ce qui le rend légitimement hostile, ou au contraire affectivement attaché. Cela me fait dire (contre l'avis de tous les spécialistes) que le transfert est la marque d'une analyse ratée. Car le patient vient pour se libérer, et non pour s'enchaîner à une personne supplémentaire.

Je sais par expérience que la traduction - juste - des rêves permet de faire l'économie du transfert. La raison en est très simple : le sujet a directement accès à ses informations propres, que je ne garde pas pour moi, puisque je lui propose une traduction qu'il va (ou non) entériner. C'est lui qui en décide, ce qui est la moindre des choses, car il est tout de même le mieux placé pour savoir ce qu'il y a dans son coeur et dans sa tête. Je suis l'interprète, certes, mais c'est lui qui me guide dans ma traduction. C'est pourquoi, connecté à sa vérité, il retire ses projections sur ses proches, et n'a nul besoin d'en rajouter une sur moi. C'est ce que la psychanalyse appelle le retrait de la projection, qui sanctionne la résolution du problème.

L'exemple le plus flagrant (que j'ai rencontré plusieurs fois) est celui de quelqu'un qui tombe amoureux d'une personne inadéquate. C'est par exemple un amour à sens unique qui fait beaucoup souffrir... L'attirance se dissout presque immédiatement lorsque le sujet prend conscience de sa projection, c-à-d quand il réalise qu'il est en fait tombé amoureux de quelqu'un qui représente un de ses parents (=cf Complexe d'Oedipe). Cela suffit en général à retirer la projection et le sentiment d'amour disparaît en même temps. Chez l'être humain, tout est possible, et je peux citer une dame, attachée malgré elle à un homme qu'elle était incapable de quitter. Son partenaire recevait un nombre impressionnant de projections (son père, sa mère, un oncle incestueux, son fils, son mari et même son grand-père). Elle put rompre sans problème quand toutes ces projections furent devenues conscientes (donc retirées). Cela n'aurait jamais pu se faire sans l'aide du rêve (nocturne, mais surtout éveillé, dans le cas de cette personne).

Toute cette grammaire s'articule donc autour du rêveur (le sujet) et de son entourage (l'objet).

On ne rêve que de soi (=les différents aspects de son caractère) : C'est la fonction sujet.... Je précise que les qualités relèvent de l'âme, les défauts de l'ego.

Et de ce qui nous touche au coeur (=nos proches : parents, conjoint, enfants) : C'est la fonction objet.

Le rêve permet d'éviter les deux écueils cités plus haut : la subjectivité qui empêche de se voir objectivement ; et la projection, qui empêche de voir l'autre objectivement.

Pour cela, il faut que le langage de l'inconscient soit traduit pour être compris. Cela permet au contenu de l'inconscient véhiculé par le rêve de devenir conscient. Autrement dit, il s'ajoute à sa moitié consciente (= à ce que le rêveur savait déjà partiellement) et la prise de conscience qui se fait alors le rend plus sûr de lui. Il voit les choses plus clairement, plus objectivement, que ce soit son regard sur ses proches ou sur lui-même. La fameuse objectivité réputée impossible pour soi-même (et si souvent faussée sur autrui) peut se mettre en place, de façon très naturelle.

La fonction sujet.

Le rêve va montrer au rêveur différents aspects de lui, imagés par des personnes connues, par rapport auxquelles il va avoir forcément la distance nécessaire, puisque c'est sa propre opinion qui est sollicitée.

Exemple 1 : "Je rencontre mon copain Marc. Il est accompagné d'un jeune assez insolent." Le rêveur pense de Marc que c'est un type intelligent, cultivé, brillant. En revanche, il ne connaît pas l'autre personne, qu'il n'apprécie pas beaucoup dans le rêve.

= C'est un portrait du rêveur lui-même, car il se reconnaît dans ce qu'il a dit de Marc (sans fausse modestie), mais aussi dans ce jeune type qui campe un aspect de lui, agressif et insolent, qui l'horripile lui-même. Certes, il n'a rien découvert, mais son inconscient lui confirme qu'il ne se trompe pas dans ce qu'il ressent, en détachant ces deux aspects de lui, et en les plaçant devant ses yeux intérieurs de façon à ce qu'il les voie objectivement, aussi bien l'aspect positif (Marc = sa véritable identité) que le négatif (le jeune = son propre ego, c-à-d quelqu'un à l'intérieur de lui, mais pas lui).

Exemple 2 : ."Je suis menacée par un tigre mangeur d'hommes. La terreur me réveille." Personne, dans l'entourage de la rêveuse ne la met en danger. Il faut donc rester à l'intérieur d'elle.

= Le tigre, comme tous les animaux sauvages, symbolise parfaitement l'ego, qui cherche à dévorer l'être humain. La rêveuse reconnaît immédiatement les peurs injustifiées qui jalonnent sa vie, les angoisses qu'elle se crée toute seule, et contre lesquelles elle ne peut rien, justement parce qu'elle croit tout naturellement en être l'auteur. En fait, c'est son ego qui les lui génère, et comprendre cela va lui permettre de combattre victorieusement cet ennemi intérieur, qui s'amuse à la terroriser. Là encore, la rêveuse est dissociée, elle a la possibilité de voir son tigre de façon objective, de comprendre que ce fauve est quelqu'un en elle, mais pas elle. Cette distance suffit à lui rendre son identité humaine, et lui permettra d'échapper à la cruauté de son ego-prédateur.

Autrement dit, le rêve permet au rêveur de voir ses différents comportements 'posés' devant lui, comme il peut voir ceux des autres : l'objectivité est devenue possible.

La fonction objet.

Le rêve va montrer au rêveur les différents aspects d'un proche, imagés par des personnes connues, sur lesquelles il peut se permettre d'avoir une opinion, même négative, parce qu'elles ne le touchent pas.

Exemple : "Dans la maison de mon enfance, je vois ma tante. Quand j'essaie de lui parler, je me rends compte qu'elle est complètement sourde, ce qui n'est pas le cas dans la réalité." = La rêveuse n'aime pas cette tante, désagréable et vindicative.

= La première question concerne tout naturellement la mère de la rêveuse. "Elles n'ont rien de commun, dit-elle, ma mère est très douce et très ouverte." Le père donne un résultat tout à fait différent : "Ah mais oui ! Il est exactement comme ça..." Et de plus, bien entendu, il ne l'entend pas, quand elle lui parle. Elle rit... et elle pleure en même temps. Elle a vraiment le sentiment qu'il est sourd. Les scrupules qu'elle aurait pu avoir (de parler ainsi de son père) disparaissent immédiatement, car c'est son rêve qui le dit, et elle en ressent parfaitement la justesse et l'objectivité. C'est le premier pas de la libération envers un parent qui se permet un comportement inacceptable.

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Règle 1. Un frère ou une amie, une personne connue ou inconnue, présents dans le rêve, symbolisent en principe un proche dont le rêveur a besoin de se libérer (un parent), ou avec qui la relation doit être améliorée (conjoint ou enfant). Pour savoir de qui il s'agit, il faut se demander ce qu'on pense de la personne en question. Ex : Elle est tout le temps en train de se plaindre. ----> Tiens ! comme ma mère... C'était donc elle. Mais cela peut parfaitement symboliser le rêveur lui-même, s'il reconnaît qu'effectivement, il geint souvent... Le rêve permet une approche objective et juste de soi-même (=connaissance de soi), et donc des autres (=lucidité).

==> La traduction juste des rêves permet la croissance du conscient.

Règle 2. Bien entendu, si la personne en question (frère ou amie) exerce réellement une tyrannie sur le rêveur, on peut penser que le rêve la met vraiment en scène. Toutefois, il ne faut jamais oublier que le pouvoir d'autrui n'est effectif que parce que notre ego lui fait relais, en nous persuadant qu'on ne peut lui échapper. L'ego est cet autre, à l'intérieur de l'âme humaine, qui cherche à utiliser l'homme pour vivre sa vie terrestre à sa place. Tous les comportements négatifs (vis-à-vis des autres ou de soi-même) sont en quelque sorte la preuve qu'il a réussi dans cette entreprise...

Cette règle a une application essentielle : le harcèlement moral ou sexuel. La victime est sous le pouvoir de son bourreau à cause de son propre ego, qui fait relais au harceleur, et la persuade qu'elle ne peut lui échapper. Le dernier roman d'Amélie Nothomb en est une magistrale démonstration, dans les nombreux dialogues intérieurs de l'héroïne : la voix de son coeur lui affirme qu'elle ne doit pas accepter les comportements odieux de Christa, ("Non ! N'obéis pas ! Arrête !"), mais la voix de son ego réussit à la convaincre du contraire. (Antéchrista)

Les compléments circonstanciels

Par ailleurs, le rêve a son mot à dire sur le passé du rêveur, surtout si ce passé a été douloureux. Beaucoup de rêves évoquent donc des événements vécus qui ont laissé des blessures (encore ouvertes). La cicatrisation passe en principe par la traduction des contenus de l'inconscient en ce qui concerne les souffrances anciennes : En sortant de l'inconscient, elles deviennent pleinement conscientes. C'est ce qui permet leur guérison.

Il y a donc un paramètre Temps qui est très souvent donné à travers des mots facilement repérables : le lendemain, quelque temps plus tard, (dans ce cas, le rêve raconte l'histoire vécue du sujet, et lui déroule son passé). On peut aussi trouver le mot 'Epoque', et certains rêves donnent carrément une 'vie antérieure' liée à un siècle précédent. Il est bon de se souvenir alors que le XII° parle en principe du rêveur, lorsqu'il avait... 12 ans. De même les meubles d'époque (qui peuvent aussi mettre en scène la mère), ouvrent la piste de l'adolescence (Louis XV, ou Louis XVI), et peut-être aussi du père, dans son pouvoir souverain sur le rêveur enfant ou adolescent. Les chiffres évoquent souvent des dates importantes (de naissance ou de mort). Bref, il faut que "ça parle", que ça remue, que le sujet ressente dans son coeur qu'il s'agit bien de sa vérité intérieure, de son vécu personnel.

Il y a aussi un paramètre Lieu. Exemple 1 : "Dans la maison de mon enfance" est apparemment un complément circonstanciel de lieu qui est en réalité rattaché au temps, puisque c'est le passé qui est évoqué : le mot 'Enfance' est plus important que le mot 'Maison'. Mais le lieu va malgré tout évoquer la relation avec un des parents. Exemple 2 : "Je suis dans un théâtre. Les acteurs vont et viennent en costume d'époque." Le rêve met en scène le lieu et l'époque où la rêveuse a rencontré son mari (dans un théâtre). Exemple 3 : Les rêves de maison. Ils sont innombrables, et peuvent être la description d'un proche. Toutefois, plus fréquemment encore, la maison symbolise le rêveur lui-même. Ce lieu-là est intérieur, il campe symboliquement l'âme humaine, notre maison intérieure, de même que le lieu de notre travail, tout indiqué pour mettre en scène le travail sur soi (qu'on réussit plus ou moins bien).

Règle. En général, les rêves évoquent d'abord les problèmes relationnels du passé qui n'ont pas été réglés. Ce sont les circonstances (temps et lieu) de ces problèmes qui sont alors mises en scène. Mais tout dépend de l'urgence. Quand l'ego est très destructeur, c'est avec lui qu'il faut commencer. L'inconscient sait (mieux que le psy et que le rêveur) quel cheminement il faut suivre pour accéder au bien-être.

En effet, l'inconscient fait partie de notre identité propre, il est véritablement notre 'âme-soeur', ou encore notre 'moitié'... C'est pourquoi son discours est indispensable à la connaissance de soi. Le problème, c'est que ce discours est crypté.

Le rêve parle une langue étrangère.

Il faut donc le traduire. Certains mots ont une valeur symbolique collective et universelle (par exemple l'eau). Le lexique en donne une liste qui ne prétend pas être complète. J'ai surtout cherché à donner une idée du fonctionnement des symboles. Tout d'abord, il y a une logique interne basée sur le simple bon sens, que j'ai fait apparaître chaque fois que cela était possible. L'autre paramètre (très simple), c'est qu'il faut toujours tout ramener à soi et à ses proches. L'homme est un microcosme, c'est pourquoi il ne peut comprendre son monde intérieur (le microcosme) qu'en le comparant au monde extérieur, qui a l'avantage de pouvoir être observé avec la distance nécessaire à l'objectivité (voir plus haut). En principe, les symboles universels sont valables dans toutes les langues.

Mais le vocabulaire ne fait pas tout. Comme dans toutes les langues, les rêves utilisent des expressions familières imagées. Exemple : "Mon mari sort la porte de ses gonds" = Quelqu'un "sort souvent de ses gonds" (= grosses colères). Il faut ensuite savoir s'il s'agit vraiment du mari (?), ou d'un autre proche (père, mère ou enfant ?), ou de la rêveuse elle-même. J'ajoute que les trois niveaux peuvent être justes. Il faut alors les garder tous les trois. Mais seule, la rêveuse peut le dire... Beaucoup d'expressions françaises sont répertoriées dans le lexique. Pas toutes. Souvent, un seul mot suffit pour en évoquer une, comme par exemple, la moutarde. = C'est celle qui vous monte au nez... D'autres fois, c'est la situation qui doit faire venir l'expression à l'esprit : "J'ai une puce qui court sous ma peau, je la vois bouger sur mon bras." = La rêveuse a son petit ami 'dans la peau'... Bien entendu, chaque langue a son "génie", et ses expressions propres : celles de ce lexique appartiennent à des francophones.

Ce lexique est au service des rêves, et non l'inverse

Cela signifie que celui qui le consulte doit sentir que la proposition qui lui est faite est juste pour lui. Sinon, il ne doit pas la prendre. Exemple : "Je vois le portail de mon jardin sorti de ses gonds, tout de guingois, inutilisable." = Le rêveur est paraplégique. L'expression 'sortir de ses gonds' ne lui disait rien. En revanche, il sentait parfaitement que son portail le représentait. Suite à son accident, ses jambes étaient devenues inutilisables.

Beaucoup de rêves ont simplement besoin d'être intériorisés pour être compris

Ils mettent en scène ce qui se passe à l'intérieur du rêveur. C'est la fonction sujet typique. Dans ce cas, tous les personnages négatifs représentent son ego, tous les personnages positifs représentent sa véritable identité (son âme).

Les symboles fonctionnent pour tous les textes écrits dans la langue cryptée de l'inconscient

Rêves nocturnes ou éveillés (dirigés ou non), visualisations volontaires (avec l'aide d'un thérapeute), visions spontanées et, bien entendu, toutes les Ecritures dites Sacrées (=tous les textes religieux), dont les incohérences et les difficultés d'interprétation sont résolues par la traduction de la valeur symbolique des mots qui les composent. J'en ai donné un certain nombre dans le lexique, ainsi que dans les dossiers accessibles dans le menu.

En voici un autre exemple, dont la simplicité limpide vient contredire les innombrables explications des innombrables exégèses : "666, le chiffre de la Bête." Selon mon approche, le Six est un symbole de l'inconscience, et l'inconscience caractérise le règne animal. Les animaux sont effectivement des bêtes. La répétition du chiffre 6 indique visiblement que l'être humain patine dans l'inconscience, en ce qui concerne son propre ego, qui se conduit en lui comme un animal. Il en a la marque sur le front (dans son mental), et sur les mains (dans ses actes). Ne pouvant sortir du 6, il a du mal à atteindre le Sept (=la conscience... de ses dysfonctionnements, imputables à son propre ego). C'est pourtant dans ce cas-là (le septième jour) que "Dieu se repose" - c'est-à-dire que sa propre âme trouve enfin la paix intérieure (=le repos).

Mais ce n'est pas tout. Toute parole humaine contient le potentiel d'une double lecture : le premier degré, mais aussi le second. C'est la conséquence de la loi de la projection. Ce que je ne vois pas en moi, je vais tout naturellement le projeter dans une situation extérieure, afin de le voir plus objectivement. Malheureusement, ce but est rarement atteint, parce que je ne fais pas le lien. On pourrait donc lire symboliquement tous les textes littéraires.

La psychanalyse a découvert le sens symbolique des contes. Pourquoi ne pas accorder aux romans et nouvelles le même potentiel ? Je crois pouvoir dire que toute création (peinture, littérature, musique, sculpture etc...) révèle son auteur. Stevenson était parait-il en panne d'inspiration, et son éditeur le pressait d'écrire un nouveau roman. Il eut un rêve, dont il tira "Docteur Jekyll et Mister Hyde". La source de l'inspiration pourrait bien être l'inconscient, même si l'origine n'est pas toujours un rêve. Celui de Stevenson lui parlait de son ego (Monsieur Caché=Hyde=Hide), capable de tuer son âme (le bon Docteur Jekyll). De même, les auteurs de romans policiers mettent peut-être en scène leur criminel intérieur ; Flaubert, dans Madame Bovary, nous ferait (selon cette lecture) l'analyse de sa propre âme mélancolique ; et Amélie Nothomb fait une superbe description romancée du fonctionnement de l'ego dans "Cosmétique de l'Ennemi".

Dans "Antéchrista", elle en montre plutôt le fonctionnement psychologique (les deux voix qui s'affrontent à l'intérieur de tout individu). Malheureusement, si l'héroïne réussit à échapper au pouvoir de la Christa extérieure, elle échoue en ce qui concerne son Antéchrist personnel, ce qui est magistralement exprimé dans la dernière phrase du livre : "Ainsi, sa volonté fut faite, et non la mienne." L'allusion à la formule : "Que Ta volonté soit faite" est très pertinente, car l'homme a depuis toujours confondu son âme avec son ego (donc Dieu avec le Diable), et c'est en fait ce qui explique l'état de notre planète aujourd'hui...

Le Lexique et sa grammaire ont donc un aspect universel

Si toute langue a sa grammaire, chacune fonctionne uniquement pour un certain nombre d'individus qui s'expriment grâce à elle. Chaque langue est donc limitée, à la différence de la Langue Symbolique.

En effet, le langage de l'inconscient (c-à-d de notre âme) peut s'adresser à un individu précis (dans un rêve ou à travers une vision), mais il s'adresse aussi à notre humanité toute entière (dans les Ecritures Sacrées, les mythes et les légendes). On peut lire la Bible comme un grand livre de psychologie, dans lequel sont répertoriés à peu près tous les comportements humains, à travers des histoires symboliques personnelles, certes, mais en même temps révélatrices d'un certain fonctionnement générique, valable pour un grand nombre d'individus. C'est ce qui en fait l'immense richesse, et ce qui explique sans doute aussi pourquoi tous ces écrits ont traversé le temps, et sont accessibles dans toutes les langues, même une fois traduits. Et pourtant, nous sommes presque toujours passés à côté de leur sens véritable. En voici un exemple :

L'expression : "C'est le temps des vaches maigres" nous vient directement de la Bible. Dans l'histoire du jeune Joseph, le Pharaon rêve que 7 vaches décharnées dévorent 7 vaches grasses. C'est Joseph qui va lui interpréter son rêve (comme étant prémonitoire, et dans le sens qui nous est resté aujourd'hui).

Or, si on applique la règle grammaticale que je présente ici, on va ramener cette histoire sur le plan personnel, dans la fonction sujet. Le Pharaon va donc personnifier un aspect de Joseph lui-même (peut-être son propre ego, mais plus probablement cet aspect de lui-même qui veut vraiment être le maître de son monde intérieur). Ensuite, il faut appliquer la symbolique de la vache (= symbole maternel). On peut alors faire le lien avec la mort de sa mère (les vaches décharnées), qui a suivi la période des vaches grasses (le temps où sa maman était vivante). On peut ensuite supposer que cet événement a eu lieu lorsqu'il avait 7 ans.

Certes, personne ne peut dire avec certitude que cette interprétation est juste. Mais elle a un énorme avantage : Elle permet de comprendre que Joseph est un exemple générique pour tous les petits orphelins, et que les Ecritures Sacrées ne sont pas déconnectées des problèmes terrestres de notre humanité. Au contraire, elles ne parlent que de cela, dans le but de nous aider à les surmonter. Car Joseph est sorti symboliquement, et par étapes successives - de cette terrible situation dans laquelle il était enfermé. D'abord la citerne vide (=symbole de l'utérus maternel, vide suite au décès), puis la prison (=symbole de la situation elle-même). Quand on fait de cette histoire ce type de lecture, elle devient porteuse d'un énorme espoir, car on comprend enfin qu'il s'agit simplement d'une situation tragique, vécue par un grand nombre d'individus, et dont on peut guérir. Si Dieu existe, cela signifie que Sa Parole est là pour nous aider à dépasser nos épreuves. Il me semble que cela est très réconfortant. Le rêve s'adresse à l'individu Joseph (et à chacun d'entre nous), mais les textes religieux s'adressent à notre humanité, dont chacun d'entre nous fait partie...

Note. Il est assez amusant de constater que Joseph est présenté comme celui qui comprend les rêves, et cela lui donne cette intelligence rare, dont la Bible parle souvent. (Genèse 41. 37) : "Il a en lui l'Esprit de Dieu, et personne n'est aussi intelligent et aussi sage que lui." Plus tard, Daniel, lui aussi, aura ce plus, qui est donné à l'interprète des rêves. "Dieu lui accorda de l'intelligence et de la sagesse : Il expliquait toutes les visions et tous les songes." (Dan. 1. 17) Inversement, notre sottise, qui est si souvent stigmatisée par autrui, vient uniquement et directement de notre ego, lorsque nous nous identifions à lui...

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Le cinéma. Parmi les créations humaines, il est l'outil le plus proche du rêve, et il lui ressemble tant que beaucoup de rêveurs font le lapsus : Dans mon film, au lieu de : Dans mon rêve... La plupart des films peuvent du reste être interprétés comme des rêves, mettant en scène l'ego (les méchants) et l'âme (les bons). Un film très récent montre un héros bicéphale : deux frères siamois reliés par la hanche. Une fois de plus, je peux y voir cette terrible situation intérieure, projetée sur le plan extérieur, qui montre bien, me semble-t-il, que nous sommes prêts à prendre enfin en compte notre dualité âme-ego.

Note. Je me suis souvent posé cette question : Pourquoi les cauchemars ne provoquent-ils jamais de crise cardiaque ? S'ils ne nous font jamais mourir, c'est peut-être justement parce qu'ils ne sont pas là dans ce but, mais au contraire pour nous permettre de vivre selon les vrais besoins de notre âme.

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La conquête de notre inconscient

Pour moi, notre humanité est prête... Car toutes les productions humaines sont le reflet de leur époque, certes, mais aussi celui de leur niveau de conscience. Les pyramides de l'ancienne Egypte étalaient à l'envi l'énorme puissance de l'ego 'pharaonique' de leurs Princes. La révolution française manifestait le désir de liberté de l'âme, face au pouvoir de l'ego. Tous les tyrans actuels sont controversés, probablement parce que la demande de l'âme est de plus en plus urgente. L'évolution de l'humanité est une lente montée vers la conscience.

Aujourd'hui, nous nous heurtons à la dernière barrière, celle qui nous sépare de notre inconscient. "Frappez, et on vous ouvrira." Aucune porte extérieure n'a apporté la paix à notre humanité. Or, cet ordre est souvent vécu en rêve : Quand s'ouvre la porte qui donne accès à notre cave personnelle, on découvre rapidement que c'est un véritable royaume qui s'étend au-delà. Et ce royaume nous appartient, chacun a le sien, et chacun doit en être le maître. "Mon royaume n'est pas de ce monde", nous dit-on aussi, et c'est vrai, car notre âme est notre monde intérieur. Elle est aussi notre véritable identité, à laquelle nous essayons depuis toujours de nous connecter, avec des succès divers. La cause ? Nous nous identifions à l'ego (en toute innocence), puisque nous croyons être lui. Du coup, nous perdons notre véritable identité.

Comprendre le langage de son inconscient permet à l'homme de se comprendre, et à terme, de devenir son être véritable = son identité humaine. Il est probable qu'il pourra à ce moment-là établir une égalité inattendue entre cette identité humaine et son essence divine.

C'est le but de cette grammaire et de son lexique.

 

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