LA REINCARNATION

Contenu de ce dossier.

Comme tous les concepts religieux, la réincarnation fait intervenir une manifestation de l'immortalité de l'âme. En ce sens, elle est à considérer sérieusement, car elle signifie forcément quelque chose. Le but de ce dossier est de poser les fondements d'une autre approche, simple et naturelle, compréhensible par le premier venu, parce que cela correspond à quelque chose que tout le monde sait, et que, par conséquent, personne ne pourra nier. C'est le fameux consensus nécessaire à l'harmonisation de l'humanité, qui pourrait alors réunir non seulement les différents courants réincarnationistes, mais aussi ceux qui n'y croient pas.

Voici donc ce que je me propose de démontrer.

La réincarnation se fait automatiquement, chaque fois qu'un enfant vient au monde, car chacun de ses parents lui donne une partie de son âme. C'est pourquoi chaque génération se construit sur le terreau de la génération précédente, en lui ajoutant ses propres découvertes et prises de conscience. C'est ainsi que l'humanité avance, car on pourrait dire que sa mission est de comprendre les erreurs de ses ascendants, afin de les corriger.

C'est le grand principe de ce concept : On revient sur terre pour comprendre et corriger nos erreurs passées. Si on accepte de considérer honnêtement ma proposition, on est forcé de reconnaître qu'elle entérine simplement une vérité fondamentale du processus de la conscience collective de notre humanité. Nul besoin alors d'inventer d'étranges théories pour justifier ce concept. La réincarnation se produit automatiquement, grâce à la procréation : les deux mots recouvrent le même processus, l'un psychique, l'autre physique.

Ce dossier comporte l'exposé des approches traditionnelles, une analyse à travers quelques rêves, une visualisation sur une vie antérieure, une critique objective sur les manques et les affirmations invérifiables des théories réincarnationnistes, avec des analyses susceptibles de les expliquer.

L'approche traditionnelle.

La réincarnation n'est pas seulement une vision orientale de l'évolution humaine. Les Grecs appelaient cela "la métempsycose" (=transmigration de l'âme d'un corps dans un autre). Cette entrée particulière s'adapte parfaitement à mon décodage, puisqu'on pourrait dire que l'âme des parents 'transmigre' dans celle de leurs enfants.

Toutefois, différentes écoles s'opposent.

De nombreux courants existent aussi à l'intérieur de chaque grand groupe. Il est probable que certaines personnes ne se reconnaissent pas dans ce que je viens de dire. Je ne prétends pas donner ici toutes les subtilités qui ont cours au sein du concept des vies antérieures et futures.

Des querelles intestines fleurissent ensuite sur un point qui leur paraît crucial, et qui concerne la façon dont l'âme (du mort) va choisir de se réincarner. Est-ce à la conception? Est-ce pendant la grossesse? Est-ce à l'instant de la naissance? Ou encore pendant les premières semaines ou les premiers mois de la vie du bébé? Tout est possible, mais hélas, rien n'est vérifiable, et c'est pourquoi je me méfie des idées qui débouchent obligatoirement sur le terrorisme intellectuel, et l'intolérance religieuse. Tant que les hommes accepteront de croire à des postulats impossibles à vérifier, ils ne pourront faire l'expérience véritable de la fraternité universelle - qui est pourtant leur but affiché, dans la plupart des cas. Quand une théorie mène au contraire de ce que l'on souhaite, le plus naturel serait de l'abandonner. Force est de constater que c'est rarement le cas.

La recherche des vies antérieures.

Certaines personnes proposent de partir à la recherche des vies antérieures, afin de savoir qui on a été dans le passé. La méthode classique est généralement l'hypnose ou le rêve éveillé dirigé. Mais il faut savoir que beaucoup de rêves nocturnes parlent (ou semblent parler) de vies antérieures. Ils sont pris au premier degré, et le thérapeute les utilise souvent comme une preuve d'une vie antérieure du rêveur.

Le rêve, vecteur d'une vie passée ? ou du passé de la vie ?

Remarque. Le principe absolu d'un rêve, c'est qu'il ne faut jamais le prendre au premier degré, sous peine de perdre le véritable sens du message. J'ai donc toujours cherché un autre sens à ce type de rêve, sens qui doit obligatoirement "parler" au sujet, c-à-d le connecter à un épisode de sa vie parfaitement connu (non encore cicatrisé) - mais aussi, tout simplement, lui donner une information codée sur un comportement personnel qui lui pose problème.

Voici le rêve d'une femme de 40 ans :

"Je vois un groupe de cavaliers approcher. Ils sont tous habillés comme au XVII° siècle. Soudain, tous, ils tombent de cheval."

L'impression globale est celle d'un accident brutal. On pourrait parfaitement interpréter ce rêve comme une évocation d'une vie antérieure, qui se serait terminée par une chute de cheval. Question : Qu'est-ce que cela apporte au rêveur? Est-ce une information qui lui permet d'avancer? Dans la mesure où elle est invérifiable, cette explication met le rêveur dans une impasse. En effet, aucune évolution ne peut se faire sans prise de conscience, et chaque prise de conscience doit s'enraciner dans l'expérience vécue du sujet. Le problème, avec la "découverte" d'une vie antérieure, c'est qu'elle n'a aucune racine dans la mémoire du sujet, puisqu'il ne s'en souvient pas. Personnellement, je me méfie toujours de ce qui est invérifiable...

On peut aussi aborder ce rêve par la valeur symbolique du cheval = la mère ou l'inconscient. En effet, le cheval porte l'homme, comme la mère porte l'enfant, (et comme l'inconscient porte le conscient). La référence à une époque (quelle qu'elle soit) met en général en scène le passé du rêveur. Une question semble donc pertinente:

" Que s'est-il passé, dans votre relation avec votre mère, pour que le rêve vous montre une chute de cheval brutale ?"

La réponse explique tout, y compris le XVII° siècle : "Ma mère est morte quand j'avais 17 ans..."

L'avantage de ce type d'explication, c'est que le rêveur se trouve en phase avec lui-même, avec la réalité de son vécu. Garder les pieds sur terre est pour moi toujours essentiel. Or, avec le rêve comme outil, le seul moyen de se connecter avec la réalité, c'est de permettre au rêveur de sentir dans son coeur si l'explication est juste ou si elle ne l'est pas. Malheureusement, beaucoup de thérapeutes ne consultent pas le rêveur, ce qui est une façon de ne pas lui faire confiance. Pourtant, qui sait mieux que lui ce qui se passe à l'intérieur de lui ? Le meilleur moyen de le mettre sur la voie de sa réalité intérieure, c'est souvent de lui poser la bonne question.

*

Remarque. L'inconscient utilise des images pour donner une information au rêveur. Mais la langue symbolique ne se limite pas au rêve nocturne. Toutes les visions (spontanées) qui interviennent alors que le sujet est parfaitement réveillé, doivent aussi être traduites, si on veut accéder au message qu'elles véhiculent. Le rêve éveillé dirigé et l'hypnose sont des techniques qui font surgir des images, alors que le sujet ne dort pas. Ces images, également, ont un sens codé, et leur décryptage est tout aussi indispensable...

En voici un exemple, tiré d'une émission sur le rebirth (reportage filmé diffusé sur la 5).

Dans un groupe de personnes allongées au sol, en état de relaxation, une femme se dresse tout à coup, en hurlant : "Je suis un loup ! Je suis un loup !" Autant que je me souvienne, aucune explication n'a été donnée, mais on sentait nettement qu'une vie antérieure en tant que loup n'était pas écartée du tout. Or, c'est rester au premier degré, et de plus, cela n'apporte pas grand-chose au sujet. Que va-t-il pouvoir faire de cette information ? Selon moi, cela charge seulement son mental d'une croyance supplémentaire, complètement invérifiable.

Tout change si on applique la symbolique du loup = l'ego. Dans ce cas, le sujet comprend immédiatement que son ego prend toute la place à l'intérieur de son âme. C'est lui qui est à l'origine de sa cruauté, si cruauté il y a vis-à-vis d'autrui, mais surtout de son propre comportement destructeur vis-à-vis de son âme-brebis. C'est la première chose à savoir, si on veut pouvoir combattre efficacement cet ego-animal, qui cherche depuis toujours à évincer les valeurs humaines dont seule, notre âme est porteuse.

Un exemple, tiré d'une consultation en cabinet.

Gaspard est un petit garçon de 9 ans, que sa maman m'amène pour essayer de corriger une timidité maladive. C'est un petit Colombien, adopté à 22 mois. Sa maman me raconte tous les détails de l'adoption. Manifestement, leur relation est bonne, et avec le papa, il n'y a pas de problème non plus. Gaspard raconte un rêve de Gaulois et de Romains, dans lequel un trésor a été volé. Il adore le film d'Astérix, et se l'est déjà passé 5 fois. Cela pourrait bien signifier que cette histoire lui correspond exactement (elle image son fonctionnement intérieur). Pour explorer cette piste, je lui explique qu'il est double, partagé entre son coeur (sa véritable identité) et son ego (son ennemi intérieur). Le faux Gaspard habite dans sa tête. Il identifie immédiatement un certain discours intérieur qui le dévalorise complètement:

"J'entends toujours une petite voix qui me dit que je suis nul et que je n'y arriverai jamais..."

La traduction est très simple : Son ego lui distille des perfidies qu'il prend pour argent comptant dans la mesure où il croit que cette petite voix est la sienne. En effet, tout le pouvoir de l'ego est fondé sur l'usurpation d'identité : il est très difficile de se battre contre soi-même, et c'est la raison pour laquelle il est essentiel de comprendre que l'ego est un autre. Cet autre est symbolisé dans les rêves par un ennemi, et souvent un animal. En ce qui concerne Gaspard, son ego (les Romains) vole son trésor (lui-même) aux Gaulois (encore lui). Pour la vérifier cette traduction, je propose un rêve éveillé.

Voici ce qu'il raconte immédiatement:

"Deux hommes arrivent du Moyen-Âge, jusque dans le futur. Je les vois très bien. L'un d'eux est un chevalier, l'autre est un pauvre paysan. Le chevalier brutalise le paysan, qui ne peut pas se défendre."

J'aurais pu dire : "Voilà l'explication. Dans une vie antérieure, tu as été sous la coupe d'un méchant chevalier, et tu en ressens encore aujourd'hui la situation de servitude." Et qu'est-ce que cela lui aurait apporté? Une information invérifiable, une sorte de fatalité contre laquelle il ne peut rien, puisque cela a été, et continue encore aujourd'hui à être...

J'ai dit : "Voilà l'ego. C'est le chevalier, qui te maltraite, car le paysan, c'est toi. Révolte-toi, tu es plus fort que lui, maintenant que tu as compris ce qui se tramait vraiment à l'intérieur de toi."

"Le chevalier est très fort. Le paysan ne peut rien contre lui. Il est obligé de se laisser frapper. Le chevalier lui dit : De toute façon, tu es laid, tu es nul, et tu es incapable de te battre...."

Je lui fais remarquer tout de suite que c'était exactement la petite voix qu'il entendait dans sa tête: "As-tu reconnu son discours ?" Cela lui donne aussitôt un peu d'espoir, ce qui se concrétise par l'apparition de la Police. "C'est la partie de toi qui veut mettre de l'ordre, et rétablir la justice. Peuvent-ils mettre le chevalier en prison?"

"Non. Il se sauve en entraînant avec lui le pauvre paysan. Ils repartent dans le moyen-âge."

Seule, une explication juste peut faire évoluer les images dans le sens de l'intérêt du rêveur. J'explique donc que le moyen-âge représente son passé, et que le comportement de son ego est certainement très ancien : il a toujours été injuste avec lui. Mais ce moyen-âge peut aussi représenter son propre inconscient (=ce qu'il ne comprend pas sur lui-même), et que son ego met à profit pour le réduire en esclavage. Du reste le mot cheval (= inconscient) est la racine de chevalier, ce qui pourrait signifier que son ego utilise cette partie de lui pour son usage personnel... Mais le cheval est aussi un symbole de la mère (= sa génitrice), que son ego utilise pour le dénigrer: "Puisqu'elle t'a abandonné, c'est que tu le méritais...".

"Le chevalier est obligé de revenir, et cette fois, le paysan se révolte. Il lui dit : "Cela suffit ! Laisse-moi tranquille !" Il le frappe. Il lui fait mal... Il a gagné ! Le chevalier est reparti dans le moyen-âge, mais cette fois, il s'est sauvé...."

Je le félicite. C'est une victoire. Toutefois, je vérifie la traduction. "Consulte ton coeur: C'était bien l'ego? Tu en es sûr? Est-ce que cela pourrait être quelque chose d'autre? Peut-être que je me suis trompée? Est-ce que le chevalier pourrait être ton papa? ou même ta maman ?" Il frappe légèrement son doigt contre son front :

"Non. Le chevalier, je l'ai bien senti... là."

Il est probable que le fait d'avoir été abandonné à sa naissance alimente le discours de l'ego de cet enfant: Tu es nul, tu ne présentes aucun intérêt, puisque ta première maman n'a pas voulu de toi.... Mais l'ego (il vaut mieux le savoir) peut utiliser n'importe quelle situation, même la plus favorable, pour mettre le sujet en difficulté.

Je tiens à préciser que chaque fois qu'une personne m'a raconté une vie antérieure (découverte avec un thérapeute adepte de la théorie de la réincarnation), j'ai trouvé une autre explication directement connectée à son passé. Autrement dit, ce type d'expérience met en scène "le passé antérieur" du sujet, vu comme "une autre vie"... Exactement comme les expressions de notre vocabulaire courant : J'ai changé de vie.... Je commence une autre vie.... J'ai l'impression d'avoir eu plusieurs vies...etc...

Réincarnation = Naissance d'un nouvel être humain.

Cela nous amène à une dernière hypothèse, simplement fondée sur le sens des mots.

Quand on parle des animaux, on utilise le terme de reproduction.

Quand on parle des êtres humains, on peut utiliser le même terme, qui débouche sur les générations. Bien entendu, ces mots ne semblent toucher que le corps, mais c'est quand même bien dans le corps que se trouve l'âme...À l'inverse, les écoles spiritualistes qui parlent de réincarnation, ne visent que l'âme, mais celle-ci a besoin d'un nouveau corps pour s'incarner. Les deux approches s'emboîtent parfaitement.

Pour la grande majorité des gens, seule (ou surtout) compte la vie du corps. Probablement parce que personne ne peut la mettre en doute.

Qu'en est-il de l'âme ?

Lorsqu'un couple donne naissance à un enfant, la mère a fourni un ovule, le père un spermatozoïde. Qu'y a-t-il dans chacune de ces deux cellules vivantes? Manifestement, certains contenus dont on ne peut contrôler la nature. La seule chose qu'on puisse dire, c'est que cela fait partie de l'hérédité. L'ovocyte contient des caractéristiques maternelles, et le spermatozoïde contient des caractéristiques paternelles. On peut faire l'hypothèse que chaque cellule est porteuse d'une petite partie de l'inconscient de chacun des parents. Les savants appellent cela le patrimoine génétique. C'est l'approche scientifique.

Les approches religieuses sont fondées sur cette même vérité, exprimée dans le langage symbolique : La vie est sacrée, que ce soit la vie d'un insecte (bouddhisme) ou d'un foetus (catholicisme). Ce que ces deux grandes religions oublient, c'est que la première vie à respecter, c'est celle de l'individu lui-même. Autrement dit, l'insecte que je ne dois pas écraser, c'est... moi ! Et l'enfant que je dois respecter, c'est encore moi, qui n'ai pas pu grandir, souvent pour cause d'enfance troublée.

C'est le principe de la projection, qui est le fondement même de la psychanalyse.

La seule vie sacrée est celle de l'âme. Celui qui la met constamment en danger est l'ego. C'est lui qui projette sur le plan extérieur les vérités intérieures. Tous les interdits viennent de lui, parce qu'il reste au premier degré, et garde la lettre au détriment de l'esprit.

Je peux donc écraser un insecte, ou manger de la viande... mais je ne dois pas me laisser écraser, ou 'bouffer' par mes proches ou par mon ego. Si je donne la priorité à mon âme, je laisserai le monde animal en paix, sauf s'il s'invite chez moi sans ma permission. Les souris ne sont pas des locataires désirables, et j'ai parfaitement le droit de m'en débarrasser, d'autant plus que du point de vue symbolique, ce petit animal est une représentation de l'ego... Quant à la viande, elle symbolise la chair, ce 'péché' fustigé par de nombreuses religions, et il serait intéressant de séparer l'objet de son symbole, afin de ne plus être soumis à la confusion.

Quant à l'IVG, seules les femmes savent ce que cela signifie. Il n'y a pas si longtemps, dans notre société, la honte d'une grossesse hors mariage était véhiculée par l'Eglise, et la famille elle-même jetait l'anathème sur la pauvre coupable, sans jamais mettre en cause le partenaire masculin. L'avortement était donc la seule issue, avec tous les risques que cela comportait. Puis les choses ont changé et l'interruption volontaire de grossesse est devenue un droit des femmes. La religion ne pouvant plus exclure la mère célibataire, elle a choisi de sacraliser l'enfant dès la conception. Ceux qui entériennent cette approche, vont parfois jusqu'à s'enchaîner devant les grilles d'une clinique qui pratique les IVG, ou même jusqu'à assassiner le médecin qui applique la loi. Où est la tolérance ? l'intelligence ? l'humanité ? le respect pour la décision d'autrui ? le respect de la vie ? Si la religion se mêlait de ce qui concerne l'âme, et laissait à chacun le droit de décider de ce qui concerne son corps, on éviterait beaucoup d'incohérences et d'absurdités... fondées sur la projection.

Car celui qui sacralise l'enfant dès la conception projette sur le foetus sa propre enfance brisée, détruite, ou simplement inachevée. Il manifeste alors par sa prise de position que son évolution est restée bloquée, et qu'il n'est pas complètement adulte. Reconnaître un reste d'enfance en soi et le faire grandir, cela change tout... car on se retrouve dans un comportement enfin humain et intelligent, où règne le simple bon sens. L'ego animal, incapable de compassion et d'indulgence, applique bêtement la loi du plus fort, ce qui passe très souvent par la lecture fondamentaliste des textes sacrés. Dans ces cas-là, l'amour est toujours perdant, ce qui est le signe que l'on a perdu Dieu de vue...

Revenons à la réincarnation.

Le symbole peut résoudre certains problèmes.

Je tiens à évoquer deux autres difficultés en ce qui concerne les vies antérieures.

Car l'inacceptable (selon moi) vient du fait qu'on ne peut plus s'insurger contre les comportements iniques des parents. On les a choisis, on les a mérités, à cause de ses propres erreurs (invérifiables) dans une autre vie. Cela ressemble beaucoup à cette culture de la souffrance, privilégiée par la plupart des religions, surtout le catholicisme. En plus, ici, on est coupable. Les découvertes de la psychogénéalogie semblent s'inscrire en faux contre cette approche, puisqu'elles font apparaître les souffrances qui se reproduisent de génération en génération. Pour moi, le remède le plus efficace pour conjurer cela, c'est de couper le cordon ombilical avec ses géniteurs. Mais pour ce faire, il est indispensable de les voir tels qu'ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts, car seule une vision objective de la relation avec nos proches peut nous permettre de nous libérer d'eux (et de tout le passé qu'ils trainent avec eux). Quand les parents ont une attitude inacceptable envers leur enfant adulte, il ne faut pas l'accepter. Pourtant, en général, c'est ce qu'on fait, au nom de l'un ou l'autre de ces deux principes soi-disant religieux :

Je serais d'accord si cela permettait vraiment d'avancer. Mais cela fait souffrir, c'est tout. Certaines personnes disent que cela les aide à accepter cette souffrance. Mais la seule chose qui justifierait cette théorie serait l'effacement de cette souffrance. Comme ce n'est pas le cas, je la refuse. J'ajoute que là encore, l'ego est le seul bénéficiaire : tant que l'être humain ploie sous le joug de la souffrance, l'ego garde le pouvoir.

Dans ce cas, le rêve est un outil précieux, car il peut mettre en scène cette image, qui signifie tout simplement : "Tes parents te font chier", ce qui a le mérite d'être facile à comprendre. De plus, cela permet au rêveur de ne plus douter de ce qu'il ressent vis-à-vis d'eux. Cela légitime son point de vue, et à terme, cela le libère de leurs abus de pouvoir. Quand il n'y a plus de souffrance, outre qu'on se sent bien, on peut nouer avec ses parents une relation sereine, ce qui me paraît tout aussi important, pour leur bien-être, à eux aussi...

Note. Les parents ne sont pas les seuls concernés. Certaines autres relations sont également très difficiles et la croyance aux vies antérieures les pérennise trop souvent. Ainsi la mère d'un jeune homme violent affirma tranquillement à sa future belle-fille que son fils la battait parce qu'elle l'avait elle-même tyrannisé dans leur vie précédente. Une explication de ce genre est tout simplement un abus de pouvoir. L'ego, dans cette approche, prolifère et se multiplie... Une autre explication, beaucoup plus simple, et probablement beaucoup plus vraie, serait que ce garçon était sous la coupe de son ego, qui exerçait sa propre violence à travers lui, sur sa fiancée.

Le lecteur intéressé par cette question peut aussi consulter le dossier sur le Bardo-Thödol.

*