Le combat avec l'ange. (Genèse, 32. 24-32).
Fritz Zorn, l'auteur de "Mars" n'est pas le seul à s'être battu avec Dieu. Il a un illustre prédécesseur, dont la Bible nous raconte l'aventure. Jacob, un des patriarches de l'Ancien Testament, lutta en effet avec "un homme" qui ne voulut pas lui dire son nom, mais lui demanda le sien après avoir été vaincu.
"Ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur."
Ce passage est extrêmement mystérieux pour ne pas dire gênant. Toutes les exégèses ont tenté de justifier cet étrange constat: Jacob a combattu Dieu comme un ennemi, et il a été plus fort que lui! On a toujours accepté cette approche, parce qu'on n'a jamais pu faire autrement, dans une lecture au premier degré.
Pourtant, on a des indices très clairs: Celui qui dit son nom, parle de son identité. Jacob sait qui il est, c'est sans doute la raison pour laquelle il va être capable de terrasser son ego, qui lui, ne dit jamais son nom, reconnaît qu'il est un homme, mais réussit à nous faire croire qu'il est Dieu. C'est quand l'aurore se lève (le jour = le conscient), que l'ego est vaincu. Israël signifie "Celui qui lutte avec Dieu", mais ce Dieu-là est le même que celui de Fritz Zorn, et il faut effectivement lui casser la gueule. Encore faut-il comprendre qu'il nous trompe depuis toujours en se faisant adorer comme le vrai Dieu. C'est pourquoi tant de textes nous disent de ne pas confondre Dieu avec les autres idoles, toutes révélatrices de l'ego.
Hélas, tous les maîtres spirituels, tous les conducteurs d'âme, tous les théologiens, tous les prêtres de toutes les religions, ont sectarisé cet avertissement: seul, mon Dieu est authentique, celui du voisin l'induit en erreur. Le résultat est visible à la surface de la terre, mais il sera peut-être difficile à un "fonctionnaire de Dieu" (qu'il soit rabbin, imam, lama, brahmane, curé ou gourou), d'accepter cette analyse. Un test leur serait utile: il suffit de fermer les yeux et de souhaiter "voir" Dieu. L'image vient en général, sans problème.
Il faut alors interroger ce Dieu:
"Qui es-tu vraiment ? Toi que je sers, toi à qui j'ai consacré ma vie, es-tu vraiment mon Dieu? ou es-tu mon ego?"
La réponse vient sous la forme d'une transformation: l'image devient celle d'un démon, d'un monstre, d'une bête, d'un alien, d'un serpent... Chacun peut faire ce test. Chacun aura sa réponse.
On peut alors appeler aussi un diamant, symbole de "l'Eternel"... Si aucune image ne peut ni ne doit être prise au premier degré, cela signifie que Dieu se manifeste de façon symbolique (=la pierre précieuse, ou le soleil, entre autres). Et là, on peut vraiment sentir la force bénéfique de l'image, dont on pourrait également dire qu'elle est l'âme du sujet. Notre âme est en effet à l'image et à la ressemblance de Dieu: il y a donc un rapport d'égalité entre ce diamant, notre âme et Dieu.
Conclusion.
Qui suis-je ? est une question existentielle, à laquelle l'homme cherche depuis toujours une réponse. Aujourd'hui, tout le monde a sa carte d'identité. Mais la véritable identité pourrait bien être psychique, et relever uniquement des valeurs bafouées de l'âme. Visiblement, en ce début de siècle, toutes les valeurs de l'ego s'écroulent, entraînant avec elles notre civilisation, construite sur ces valeurs. Bon débarras ! Si notre âme prend le relais, nous aurons enfin une chance d'accéder à notre humanité.
En effet, nous sommes des "êtres humains". Cette expression est fondée sur le verbe Être et sur l'adjectif Humain, qui est le contraire même de : animal, injuste et cruel (cf Psychiatrie). Dans ces cas-là, on parle justement de comportement "inhumain" : c'est l'ego qui en est l'auteur, selon moi. L'homme n'a pas à chercher à devenir Dieu. Il lui suffirait de... être humain. C'est ainsi qu'il obtiendrait tout naturellement le résultat qu'il espère en vain depuis si longtemps : l'union avec Dieu, c'est-à-dire avec son âme, qui est sa véritable identité. (cf Naissance du Christ et Sectes et Religions).