FONCTIONNEMENT
Préalable.
La psychologie classique a élaboré de nombreuses théories, parfois très compliquées, que la découverte de l'inconscient a remises en cause, ou alimentées, à l'aide d'autres théories, parfois encore plus compliquées, si bien que l'homme de la rue a du mal à s'y retrouver. Le développement de la psychiatrie montre à l'évidence que, si les dysfonctionnements psychiques sont nombreux, il est à l'heure actuelle très difficile de les traiter efficacement. Or il est un peu gênant de constater que les différentes approches psychanalytiques (Freud, Lacan, Jung, pour ne citer que les plus connus), qui prétendent expliquer justement le psychisme de monsieur Tout le monde, ces approches le laissent perplexe, critique, rebelle, parfois rigolard, souvent angoissé, rarement satisfait. Tous les "psys", quelle que soit leur origine ou leur mouvance, devraient se sentir concernés par ces réactions qui les remettent en cause.
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Mon analyse.
Personnellement, je pense que tant que le domaine psy restera inaccessible à la grande majorité des êtres humains, notre humanité sera incapable d'avancer efficacement pour résoudre ses problèmes relationnels et ses dysfonctionnements intérieurs. Cependant, pour que tout le monde puisse y accéder, il est indispensable que la psychologie devienne quelque chose de simple et de facile. Certes, elle ne l'a jamais été, mais cela ne signifie pas que la chose soit impossible. En voici une présentation claire :
Nous sommes tous doubles.
Cela signifie que, à l'intérieur de chaque être humain, il y a deux instances, souvent antagonistes, dont on parle chaque fois qu'on évoque "un conflit intérieur". Un enfant est capable de comprendre cela, si on le lui présente simplement. Du reste, certains savent le dire clairement, tout comme beaucoup d'adultes.
"J'ai l'impression que quelqu'un entre à l'intérieur de moi pour prendre le contrôle,"
disait une fillette dans une émission de Delarue (Avril 2001) sur la gestion du stress. Cette gamine (Cécile) était dramatiquement violente et agressive avec ses proches. Et elle donnait là la clé de son propre comportement. L'information était essentielle. Le quelqu'un en question était ce que j'appelle l'ego, cette instance que nous partageons avec les animaux, qui cherche à prendre toute la place dans notre monde intérieur, et nous empêche ainsi de laisser parler les valeurs du coeur, celles de notre véritable identité (notre être = notre âme). En effet, seule, notre âme (= notre conscient) est spécifiquement humaine, mais elle est souvent incapable de contre-carrer le terrible pouvoir de l'ego, ce tyran intérieur. Or il est impossible de le remettre à sa place, tant qu'on n'a pas une conscience claire de la véritable nature de l'ego, et de ses agissements à l'intérieur de soi. Les enfants, qui sont encore "branchés" sur leur monde intérieur, comprennent cela tout de suite, car ils sont en principe les premiers à souhaiter réduire leurs propres comportements agressifs, (cf Délinquance et criminalité), qui les rendent souvent très malheureux.
Tout comme les adultes, ils en sont incapables, tant qu'ils ne savent pas qu'ils ont affaire à un ennemi puissant, certes, mais contre lequel ils peuvent se battre, car cet ego n'est pas leur vrai MOI, c'est au contraire un faux MOI. L'identifier, c'est le réduire, c'est prendre le pouvoir. Tout le monde est capable de comprendre cela, parce que c'est juste, ça "parle au coeur", et la personne qui est la victime de son propre ego se reconnaît si bien qu'elle reprend espoir: Enfin, elle a des armes pour combattre cet ennemi, contre lequel elle n'a jamais rien pu faire pour la bonne raison qu'elle croyait que c'était elle-même...
La psychanalyse classique accuse les parents de tous les comportements de leurs enfants. Il est vrai qu'ils en sont souvent responsables, mais il existe de nombreux cas où ils sont complètement impuissants en face du mal-être de leur progéniture. En fait, une éducation réussie devrait prendre en compte les véritables besoins de l'âme de l'enfant, afin d'y répondre en profondeur, et devrait en même temps être capable de discerner les exigences inacceptables de l'ego de l'enfant, afin de le juguler et de le réduire, pour le bien-être de toute la famille, y compris de l'enfant lui-même. Or, l'ego n'est pas très difficile à repérer. C'est lui qui rend l'enfant odieux, capricieux, infernal, agressif, coléreux, jamais content, toujours insatisfait. Les parents qui cherchent souvent à répondre tout de suite au moindre désir de leur enfant, se rendent bien compte que cela n'apporte pas le résultat souhaité. Manifestement, l'enfant pleure, râle, fait caprice sur caprice, et montre à l'évidence qu'il n'est pas heureux. Leur comportement n'est donc pas adapté.
Mon l'hypothèse : C'est l'ego qui exige, et non pas le coeur de l'enfant, qui est la première victime de cet ego insatiable. Quand j'explique à un enfant qu'il y a en lui deux petits garçons (ou deux petites filles), et que l'un(e) habite dans son coeur, l'autre dans sa tête, il (elle) comprend tout de suite. Une certaine Julie, qui avait des colères violentes, au cours desquelles elle souhaitait la mort à toute sa famille (!), m'a expliqué que, une fois calmée, elle pleurait et se demandait avec angoisse si elle devenait folle. "Ce n'est pas moi qui parlais, me dit-elle, car moi, je ne le pense pas, et pourtant, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'en empêcher." Mon explication lui a parfaitement convenu. Voici le rêve qu'elle m'a raconté alors:
"On m'a offert dernièrement une plante carnivore dont je prends le plus grand soin. Dans mon rêve, je la voyais grandir, grandir, devenir géante, et elle s'est mise en position de me dévorer. L'angoisse m'a envahie, et je me suis réveillée, terrorisée."
C'était une description imagée de ses propres colères générées par son ego, qui la dévorait littéralement. Elle a été complètement d'accord avec cette explication, et son comportement a changé radicalement. Julie n'est pas un cas isolé : la petite Cécile de l'émission de Delarue lui ressemblait comme une soeur jumelle. Mais tant que notre humanité ne prendra pas conscience de son propre ego, nous ne pourrons pas le réduire à l'impuissance.
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Les éléments de base.
L'être
humain possède une zone consciente et une zone inconsciente.
Les rêves sont "la voie royale" d'accès à cet inconscient,
ce qui permet la mise en oeuvre de la connaissance de soi, puisque la traduction
rend conscients les contenus de l'inconscient. Sur le plan collectif, l'humanité
se heurte à deux obstacles majeurs :
Le
pouvoir des parents (cordon non coupé
à l'adolescence).
Le
pouvoir de l'ego (mise en esclavage de l'individu
par un tyran intérieur).
On sait que le cordon n'est
pas coupé lorsque la relation avec les parents est fusionnelle.
Ce qu'on sait moins, c'est que toutes les tensions avec eux révèlent
la même chose. Mais c'est à l'âge adulte que cette coupure
doit intervenir. En effet, elle est impossible dans l'enfance, ce qui est
parfaitement normal car dans cette période-là, le cordon est
nourricier. Quand l'enfant est devenu grand, ce même cordon devient
une chaîne, qui l'étrangle (difficulté à exprimer
ce qu'il pense vraiment) ou lui est un fil à la patte (absence de liberté).
Souvent, cela se traduit ainsi : on hésite constamment entre l'angoisse
(à l'idée d'aller voir ses parents) et la culpabilité
(à l'idée de ne pas y aller). Cela signifie qu'en effet, le
cordon n'est pas coupé.
L'ego. Son fonctionnement extérieur.
On peut l'identifier grâce à des comportements connus : l'orgueil, l'égoïsme, le goût du pouvoir. Tout le monde connaît au moins une personne qui a "un énorme ego". Globalement, l'humanité le sait depuis toujours, les trois idoles vénérées par l'ego sont le pouvoir, le sexe et l'argent. À cela s'ajoute un comportement très répandu qui est de vouloir toujours avoir raison...
Certes. Mais on peut aussi le repérer dans toutes les attitudes qui nous empoisonnent la vie, et celles de nos proches : colères, agressivité, critiques continuelles, interprétations négatives, plaintes injustifiées, aveuglement vis-à-vis de soi-même, mise en accusation des autres, incapacité à se remettre en cause, etc... Tout cela est assez visible extérieurement, pour un observateur objectif. Mais il y a pire.
Son
fonctionnement intérieur.
Ce qu'on sait moins, c'est que l'ego est bien plus que cela:
il est surtout cette petite voix intérieure, qui utilise 5 types de
discours pour nous réduire à l'impuissance:
1) La dévalorisation de soi : "Je ne suis pas capable."
2) La culpabilité : "C'est de ma faute."
3) La peur et les angoisses :"Il est arrivé un malheur, ou il
va en arriver un..."
4) Le doute continuel : "Je ne sais jamais si j'ai bien ou mal agi."
Quand cela concerne les TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs), la personne
doute même de ce qu'elle a exécuté (éteint la lumière,
fermé la porte à clé, etc...).
5) L'interdiction et l'obligation : "Je ne m'accorde pas le droit de
faire ce qui me plairait. En revanche, il faut que je fasse des choses qui
me pèsent : je ne peux pas faire autrement." Ce dernier fonctionnement
est souvent lié à une éducation religieuse.
Pour résumer,
le cordon tient prisonnier dans l'inconscient un petit enfant qui bloque le
rêveur dans sa vie d'adulte, car il le rend incapable d'assumer certaines
difficultés. L'ego, de son côté, empêche l'épanouissement
du rêveur, en le gardant en esclavage. Or, cela lui est d'autant plus
facile que la personne a gardé en elle un petit enfant fragile, crédule
ou naïf.
Philosophie et psychologie.
Il faut rattacher cette analyse à des questions que l'homme se pose depuis toujours :
Pourquoi fait-il le mal, alors même qu'il souhaite faire le bien au fond de son coeur ?
Pourquoi la haine est-elle plus forte que l'amour ?
Pourquoi ne peut-il pardonner, alors que souvent, il le voudrait bien ?
La réponse est très simple : ce n'est pas lui qui commande, c'est l'ego qui parle à sa place, qui pense et agit à l'intérieur de lui. Et IL NE LE SAIT PAS. Du moins, il ne le sait pas clairement, et c'est la raison pour laquelle il est la première victime de son propre ego.
Mais si cette analyse
est essentielle, elle ne suffit pas, car l'ego est très puissant et
pour le réduire vraiment, il est absolument nécessaire de prendre
possession de cette partie de soi-même qui est l'inconscient et dans
laquelle l'ego puise son pouvoir, de façon tout à fait naturelle,
tant que l'homme n'y a pas accès. Tout change si l'être humain
en devient le propriétaire : La visite de l'inconscient permet la croissance
du conscient et la réduction inéluctable du pouvoir de l'ego.
Inéluctable et rapide... Pour cela, le rêve est la "voie
royale".
Or, pour décrypter le langage de l'inconscient, il faut en connaître
le fonctionnement et les codes. Il faut savoir aussi de quoi on parle, c'est-à-dire
s'entendre sur le sens des mots.
Qu'est-ce
que l'âme ? Je réunis sous ce terme le conscient +
l'inconscient.
Le Conscient =
Ce que l'homme connaît de lui-même.
L'Inconscient = Ce que l'homme ignore de lui-même.
Chaque
rêve correctement décodé permet la croissance du
conscient au détriment de l'inconscient. C'est un processus simple
et logique de connaissance de soi. (cf Lexique).
Comment sait-on si la traduction est juste ?
Elle est juste si elle parle au coeur, si le rêveur reconnaît
exactement ce qu'il a vécu, ce qu'il pense ou ce qu'il ressent. Elle
est juste si elle fait du bien, si elle rassure : nos rêves sont nos
meilleurs amis, quand on les comprend. (Malheureusement, les comprendre
de travers en fait un véritable poison, car une
interprétation erronnée alimente le pouvoir de l'ego,
au lieu d'alimenter celui du conscient). Au bout d'un certain nombre de rêves
interprétés, le rêveur doit se sentir mieux avec les autres
et avec lui-même.
Voici par exemple un petit rêve amusant:
"J'étais Tarzan, et je me déplaçais comme lui dans la forêt vierge."
Son rêve dit au rêveur qu'il est toujours accroché au cordon ombilical, et qu'il y prend plaisir. S'il est un enfant ou un adolescent, pas de problème. Mais s'il a 40 ans, c'est un piège mortel, que son ego cherchera à lui cacher en lui soufflant des explications d'ordre intellectuel : tu es un sportif accompli, tu avances à pas de géant, tu es d'une dextérité remarquable, tu retombes toujours sur tes pieds, etc... Mais en fait, son rêve lui dit simplement : "Tu es toujours un petit garçon..." Point. Et ça, c'est une prise de conscience essentielle, dont il sentira la vérité si c'est effectivement le cas.
Voilà comment nos rêves fonctionnent. Les comprendre vraiment, c'est grandir en force et en sagesse, c'est devenir Qui on est vraiment = son âme = sa véritable identité = un être humain accompli.
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Note du 28 Novembre 2008.
À la relecture, je tiens à préciser que, si je suis toujours d'accord avec ce que j'affirme dans ce dossier, je dois malgré tout ajouter qu'il est incomplet. Toutefois, comme je ne veux pas me répéter, je le laisse en l'état car les autres dossiers développent les points importants et sont consultables dans le Menu.