DIEU et l'HOMME / DIEU est l'HOMME ?
La solution.
Pour que chacun puisse prendre conscience de son ego, c'est très facile. Mais si ! Il suffit de fermer les yeux, et d'en demander une image : serpent, monstre, pharaon, cafard, insecte, animal réel ou mythique... ou encore Satan lui-même, qui agit dans l'obscurité de notre inconscient. Si l'image qui arrive représente un saint, un ange ou le Christ lui-même, il faut la mettre en doute, car l'ego nous abuse souvent en nous faisant croire qu'il est Dieu. Le doute permet de le voir et donc de le savoir : l'image se transforme, ou le regard du saint personnage devient machiavélique... Commence alors le processus de libération, qui passe par la destruction virtuelle de cet "animal" en nous. Pour y parvenir, on peut utiliser un jet d'eau (l'eau de notre inconscient), un rayon laser (la lumière de notre conscient), une lance à incendie (le feu de notre colère) ou n'importe quelle arme qui nous paraît efficace. Bien entendu, pour que cela fonctionne, il est en général indispensable que le sujet ait compris dans quel domaine son ego a pris le pouvoir. C'est alors un véritable "exorcisme" qui s'obtient grâce à une "image" (virtuelle mais parfaitement juste) sur laquelle le sujet prend le pouvoir, parce qu'il est "à l'image" de Dieu. C'est la compréhension de ce qui se passe en lui, qui lui donne ce pouvoir.
"Qui vous êtes, Je le suis. Vous êtes en train de définir Dieu."
Cette phrase explique tout. Tant que l'homme croira en un Dieu vengeur, qui le juge et le punit, c'est ce Dieu-là (son ego) qui opèrera en lui, avec le pouvoir de le faire souffrir et de le détruire. Car l'homme a le pouvoir de créer sa vie jour après jour. Nous sommes toujours exaucés. Le problème, c'est que nous ne savons pas ce que nous avons demandé... Ce n'est pas une boutade, c'est ce qui est dit dans ce livre.
La présence de l'ego est obligatoire dans le monde de la relativité, car on ne peut choisir le bien (=notre humanité), si on n'a pas d'abord choisi le mal (=notre ani-mal-ité). On peut alors en voir les effets, et décider de s'en détourner, parce que l'expérience qu'on en a subie débouche toujours sur le mal-être, la mal-adie, l'accident, la tyrannie, la barbarie, bref sur des situations négatives et douloureuses pour l'homme. J'impute à l'ego tous les dysfonctionnements de notre humanité. Mais en même temps, il faut bien comprendre que cet ego a été créé par Dieu lui-même.
"Je suis tout, la bonté et la méchanceté. (...) J'ai créé ce que Je ne suis pas, afin de faire l'expérience de ce que Je suis. (...) Je suis tout ce que Je crée - donc Je suis, en un sens, ce que Je ne suis pas. Il n'y a rien que je ne sois pas. Donc, Je suis ce que Je suis, et Je suis ce que Je ne suis pas."
L'homme est depuis les origines dirigé par son ego, cet ego qu'il partage avec le règne précédent. Or la vie animale est dominée, réglée, programmée, par la loi du plus fort. C'est le principe même de l'ego. Mais c'est parfait pour les animaux... En effet ils fonctionnent tous sur le marquage du territoire (=les possessions terrestres de l'homme), sur le mâle dominant ou la femelle dominante (patriarcat / matriarcat, ou loi du plus fort), sur l'instinct sexuel reproducteur (=la sexualité humaine), et sur l'instinct de survie (=se nourrir et se protéger des prédateurs). Les lois humaines sont faites pour réguler tous les abus de pouvoir, de la manipulation au meurtre, en passant par le vol, le viol, l'agression et toutes les injustices. Le règne animal, lui, est soumis à la loi du plus fort, dont la vitrine la plus affreuse est la chaîne alimentaire. Le plus fort mange le plus faible. Dans le règne humain, c'est la même chose. Certes, le cannibalisme a disparu, mais cela reste vrai psychologiquement.
Ce qui est naturel pour l'animal, est une monstruosité pour l'homme. Si Dieu est tout et partout, Sa perfection se voit dans le règne animal (soumis à la loi de l'ego), et s'accomplit dans le règne humain chaque fois que l'homme échappe à cette même loi, (qui n'est pas faite pour lui). Cela permet de comprendre le sens profond du Combat avec l'ange, dans lequel on nous dit que Jacob devint Israël (=celui qui a vaincu Dieu) au moment où il a été plus fort que son agresseur...
Car, même dominé par son ego, l'homme laisse aussi parler son âme en lui, puisqu'il est humain. C'est du reste pourquoi les philosophes s'interrogent depuis toujours pour savoir si l'homme est bon ou s'il est mauvais. Certains ont affirmé qu'il était d'abord un animal doué de raison. (Tiens !...) D'autres ont parié sur son humanité (Tiens tiens...). Mais la réponse reste en suspens. Plus fondamentalement encore, la question existentielle se résume à ceci : Qui suis-je ?
Ce livre y répond très simplement : Tu peux choisir Qui-tu-veux-être. Nous avons en effet suffisamment exploré la voie de l'ego. La demande est forte, aujourd'hui, pour une autre voie. Or, on ne pourra vraiment la trouver, tant qu'on ne saura pas que nous sommes deux à l'intérieur.
Très naturellement, nous avons toujours considéré l'homme comme une totalité unique.
"Un esprit - ce qui définit une personne - requiert un corps ; et un corps - un corps humain - engendre naturellement un seul esprit. Seul un esprit (et un seul esprit) peut se trouver dedans. Pas de corps, jamais d'esprit. Pour n'importe quel corps, jamais plus d'un seul esprit." (Antonio R. Damasio : Le sentiment même de soi, chez Odile Jacob).
Eh bien je suis désolée, mais c'est faux, et croire cela est la racine même de toutes nos difficultés. Il va falloir changer cette approche, et accepter cette idée nouvelle que nous sommes tous deux à l'intérieur, notre âme divine et notre ego diabolique. Et d'une certaine façon, nous le savons depuis toujours. Il suffit de lire les grands auteurs de la littérature. Rousseau a écrit l'Emile, un traité sur l'éducation plein de justesse et de vérité (1762), et il a également abandonné ses propres enfants. Et tous les grands hommes (présents ou passés) nous fournissent tous la preuve de cette dichotomie intérieure. Riches en grandes idées humanitaires, ils sont tout aussi riches en erreurs monumentales sur le plan privé.
"Je n'étais satisfait que lorsque mes plaisanteries ironiques avaient gâté et empoisonné les souvenirs des jours heureux. - Ne pourriez-vous me laisser cela ? me demandait tristement Brigitte. S'il y a en vous deux hommes si différents, ne pourriez-vous, quand le mauvais se lève, vous contenter d'oublier le bon ?"
J'ai relu ce passage avec étonnement. Certes, on n'accorde généralement pas à ce type de comportement suffisamment d'attention, et surtout, on n'en tire pas les conclusions évidentes. On a tort.
Nous sommes tous deux à l'intérieur, et l'autre a beau être totalement virtuel, si nous le laissons s'installer à notre place, il peut faire de notre vie un enfer ou une tragédie. Pour l'en empêcher, il est indispensable de savoir qu'il est là. Car c'est la connaissance qui fait l'homme, c'est la conscience qui le caractérise. L'ignorance de cette dualité laisse le champ libre à l'ego, et lui donne le pouvoir de faire notre malheur.
Car si l'homme est Dieu, l'inverse est également vrai. Dieu est l'homme. Quand l'homme choisit d'être son ego, Dieu devient cet ego, "Ce-qu'Il-n'est-pas", à travers l'expérience humaine. C'est pourquoi l'ego a le pouvoir de nous détruire, ce qui a provoqué la création symbolique de Satan. Et en même temps, l'ego est indispensable.
"Sans ce-que-Je-ne-suis-pas, Ce-que-Je-suis... n'est pas."
C'est en effet sa présence qui permet à l'homme d'utiliser son libre arbitre afin de choisir entre le Bien (son humanité=Dieu) et le Mal (=son animalité=l'ego). Le jour où l'homme acceptera - ou inventera - une autre définition de Dieu, un Dieu d'amour qui le comprend et qui le guide sans le juger, cette nouvelle définition opèrera en lui, dans le confort, l'intelligence et la bienveillance. C'est à cela que l'homme pourra vérifier qu'il est véritablement Dieu, c'est-à-dire, pleinement humain... Car pour moi, la divinité n'a de sens que si elle s'affiche et s'épanouit dans notre humanité. L'homme a le droit d'être heureux, il en a même le devoir. Son ego ne lui rendra jamais ce service, il l'a abondamment prouvé au fil des siècles et des millénaires. Reste son âme. Elle a tout à prouver, et ne demande du reste que ça. Donnons-lui sa chance !
En corollaire...
La prière des Juifs commence ainsi :
"Ecoute, Israël ! Elohim, ton Dieu, est le seul Dieu. Tu aimeras Elohim, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force."
La marque du pluriel est dans le texte hébreu. El signifie Dieu au singulier, et Il est ici nommé Elhohim (=les Dieux). Cette contradiction flagrante associe l'Unicité à un Dieu pluriel, et cela pourrait bien trouver sa solution dans ce livre. Dieu est certes Unique, mais Il est aussi fractionné dans la multitude humaine, ce qui Le rend Nombreux...
Il en découle par ailleurs que l'amour qu'il demande à l'homme de lui porter, se réduit finalement à l'amour que chacun doit pouvoir se porter à soi-même. Car il est bien difficile d'aimer de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa force, un Dieu lointain et inaccessible. Avant Lui, passent tout naturellement nos enfants, nos parents, notre famille, et je ne parle même pas de toutes les choses matérielles que nous possédons. Qui osera me contredire sur ce point ? Ceux qui renoncent à tout pour Le servir ? Je n'en suis même pas sûre, mais ce qui est important, c'est de comprendre que Dieu ne demande cela à personne. Il veut juste que nous Lui permettions de vivre sa perfection, c'est-à-dire que nous laissions fleurir notre humanité. Et pour cela, ô merveille, il suffit de nous aimer nous-mêmes, c'est-à-dire d'aimer notre âme, qui est Dieu en nous (=Qui-nous-sommes). Mais cela exige que nous nous cessions de nous identifier à notre ego (=Qui-nous-ne-sommes-pas).
Les Chrétiens, eux, nous parlent du Saint-Esprit. Or l'homme est doté d'un corps, d'une âme et d'un esprit. Jusqu'à présent, il a mis cet esprit (l'intellect) au service de son ego, ce qui le réduit au mental. Le jour où il le mettra au service de son âme, ce mental sera "sanctifié" et deviendra le Saint-Esprit, troisième personnage de la trinité divine dans l'être humain. L'opération du Saint-Esprit, dans les évangiles, permet la naissance du Christ. Cela signifie que l'esprit peut "opérer" dans l'homme, dans le sens négatif (quand il est soumis à l'ego), et dans le sens positif (quand il est soumis à l'âme). C'est alors que chaque être humain pourra voir naître dans son monde intérieur, cet enfant psychique, qui est sa véritable identité. De toute façon, l'esprit "opère", dans la réaction avec l'ego, dans la création avec l'âme (=Création de Qui-je-suis vraiment).
Je rappelle que cette naissance doit être vécue en rêve, et qu'elle intervient grâce à la traduction correcte des symboles.
Si le rêve est le langage de Dieu (=notre âme), comprendre ses rêves, c'est comprendre Sa Parole (=comprendre son âme=se comprendre). Or, c'est l'esprit (=l'intellect) qui permet cette compréhension. Cela permet à la Parole "d'opérer"(=faire naître notre véritable identité= le Christ en nous)).
Le rêve reconnecte le rêveur avec lui-même (son âme). Malheureusement, l'ego reste sur le plan extérieur, et fait de cette naissance un événement historique auquel il suffit de croire pour être sauvé. C'est manifestement faux, mais on ne sait pas faire autre chose. Du coup, personne ne peut suivre le chemin qui nous est montré, puisque c'est un chemin personnel intérieur.
"Le Christ est Dieu fait homme. Il n'est tout simplement pas le seul homme fait de Dieu. Tout homme est "Dieu fait homme": Tu es moi, M'exprimant sous ta forme actuelle."
C'est la base. Ensuite, il faut faire le chemin vers ce Dieu intérieur.
"Un système de guidage intégré en vous, vous indique comment revenir chez vous."
Ce chez-nous, selon moi, c'est notre inconscient, au centre duquel Dieu nous attend, si nous prenons la peine d'aller vers Lui. Et le système de guidage, pourrait bien être tout simplement le rêve, cette "voie royale" pour entrer dans l'inconscient. Je rappelle que les verbes 'se repentir' et 'se convertir' sont la traduction de l'hébreu 'se retourner', 'faire retour', autrement dit, 'revenir chez soi', dans son âme (=sa maison intérieure).
Enfin, une dernière chose m'a beaucoup touchée, la prière que Dieu exprime à la fin du 3° tome.
"Mes enfants, qui êtes aux cieux, votre nom est sanctifié. Votre règne est arrivé et votre volonté est faite, sur la terre comme au ciel. Vous recevez aujourd'hui votre pain quotidien, et vous recevez le pardon pour vos dettes et vos offenses, tout comme vous avez pardonné à ceux qui vous ont offensés. Ne menez pas votre Soi en tentation, mais délivrez votre Soi des maux que vous avez créés. Car à vous le royaume, le pouvoir et la gloire, à jamais. Amen."
Ce parallèle avec le Notre-Père montre que l'homme, à son tour, peut exaucer Dieu... en s'identifiant à Lui, au lieu de s'identifier à son ego. Cette prière est émouvante. Voici comment je la comprends.
La relation filiale qui unit l'homme à Dieu, se manifeste dans son âme (les cieux), à travers sa véritable identité (son Nom), qui est alors sanctifiée. Il est prêt aujourd'hui à recevoir cette vérité, c'est pourquoi son règne arrive, et la volonté de son âme se fait jour, dans son corps (la terre) comme dans son âme (le ciel). Dans ce nouveau paradigme, l'homme nourrit son âme (le pain quotidien... de ses rêves), et pardonne à autrui les erreurs qu'il se pardonne à lui-même. Du coup, il ne "tente" plus Dieu, mais Le délivre au contraire du mal (l'ego) qu'il a créé, en réduisant cet ego, en le dépouillant de son pouvoir pour le donner à son âme. Il possède alors le royaume (=son corps), le pouvoir (de la création personnelle) et la gloire (de Dieu en lui-même). Et qu'il en soit ainsi...
Bien sûr, certains crieront au scandale. Une seule question reste pertinente. Dieu peut-il être satisfait de la conduite humaine, depuis les origines ? Si la réponse est Non, alors, il faut chercher une autre voie. Ce livre nous ouvre une porte. Libre à nous de la pousser ou de la refermer. Personnellement, j'ai envie de cheminer sur cette piste, ne serait-ce que pour voir jusqu'où elle peut me conduire. Cela n'engage que moi. Je ne suis pas une gourelle, et je détesterais en être une.
Mais j'aime lire les paroles d'un Dieu qui encourage et soutient, qui regarde l'homme comme "sa merveilleuse création", et qui le remercie de Lui donner "une place dans son coeur", en ajoutant "Et c'est tout ce que chacun de nous a jamais vraiment voulu." Autrement dit, une spiritualité authentique ne serait rien d'autre, rien de plus, rien de moins. Mettre la divinité au coeur de soi-même, parce que cette divinité est tout simplement notre humanité. Ce "nous" parle de la volonté d'un Dieu complètement réuni (associé) à l'homme.
"J'ai proféré, au lieu du cri de mon coeur, les phrases apprises, au lieu des vérités jaillies et vivantes, les conventions mortes. Il suffisait d'un geste de pitié et de réconfort, j'ai préféré avoir raison. Il fallait compatir et deviner, j'ai argumenté. Le point où la tradition et la discipline tombent en caducité, où on doit se lancer ainsi qu'un oiseau ivre, dans l'avenir, je ne l'ai pas reconnu au passage. Voilà mon crime, à moi, et le plus grand. Car tout se pardonne, sauf l'absence de folie." (Carnet de route du Juif Errant, d'Alexandre Arnoux).
Hélas, nous en sommes tous là, car "ce qui est sagesse aux yeux des hommes est folie aux yeux de Dieu." Tant que l'ego sera aux commandes, nous lui ferons en quelque sorte cadeau de notre vie humaine.
Pour arrêter cela, il est impératif de frapper l'ego d'ostracisme... Il doit vider les lieux, si nous voulons installer notre âme à sa place. Comme il ne le fera pas de lui-même, il va falloir l'aider un peu. C'est ainsi que l'homme achèvera la conquête de sa propre humanité.
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