Rêve n°91
Le parcours d'Audrey (1)
Audrey est une jeune fille de 17 ans. Elle vient me voir par curiosité, parce que ses rêves l'intéressent. Elle va partir pour ses études à la rentrée de Septembre 2015, et elle souhaite clarifier sa situation - couper son cordon, dit-elle. Elle s'exprime avec clarté, elle sent qu'elle est dans une phase de basculement, et elle aimerait opérer en douceur le détachement nécessaire. Elle est manifestement intelligente et tournée naturellement vers sa vie intérieure. Elle a aussi une maturité rare pour son âge. Bien que nous ayons commencé notre entretien par ses rêves les plus récents, j'ai décidé de mettre son parcours en ligne (avec sa permission, bien entendu) en commençant par le commencement...
Ses parents sont divorcés, son père n'a pas été très présent, même quand il habitait avec sa mère, car il travaillait beaucoup. Il est parti alors qu'elle avait huit ans, et il y a eu de longues périodes où il ne se manifestait pas. Elle a un demi-frère plus âgé avec lequel elle a été très proche. Elle s'entend très bien avec sa mère, et elle a revu son père récemment, a bien parlé avec lui, il a été très ouvert, il a accepté ses reproches, a reconnu ses torts et l'a même remerciée de le mettre en face de la vérité. Cela lui a fait beaucoup de bien.
Voici donc son rêve le plus ancien.
- C'est un cauchemar que je faisais souvent. Je me promenais dans une forêt, et la nuit tombait. Je me sentais un peu inquiète et soudain, j'entendais des bruits de pas derrière moi. J'accélérais et les pas également. J'étais poursuivie et je me rendais compte que c'était une meute de loups, j'entendais le froissement des feuilles sous leurs pattes, ça me terrorisait. Je me mettais à courir, eux aussi. Je me réveillais dans l'angoisse.
La première chose à savoir : Est-ce que quelqu'un la mettait en danger ? Elle réfléchit. Non. Mais, comme beaucoup d'enfants, elle avait des terreurs nocturnes. Dans ces cas-là, je prends la piste de l'ego. Il est là dès la naissance, et quand il le peut, il essaie de prendre le pouvoir par la peur. Pour Audrey, il a peut-être utilisé le conte du Petit Chaperon Rouge, ou un film angoissant vu à la télé. Tout lui est bon. Et la nuit, l'obscurité, les ténèbres sont des moments propices à la peur, si bien qu'il se manifeste à ces moments-là. L'inconscient envoie alors un rêve afin de le pointer du doigt. Hélas, si on ne le comprend pas, le rêve devient récurrent.
Elle m'écoute, puis elle ajoute :
- Un jour, à la fin du rêve, j'ai débouché dans une clairière. Là se trouvaient tous mes jouets, mes peluches, mes poupées, mais tous étaient devenus géants. Je me suis alors rendu compte que les loups n'étaient plus là. Et ils ne sont jamais revenus...
La traduction est simple : Audrey avait grandi, c'était ce que lui disaient ses jouets géants, et cela avait réduit son ego à l'impuissance.
Elle est d'accord avec cette approche, mais nous allons le vérifier. (à suivre)