Entretien n°4 (suite)

Avril 2015

Anouk reprend le récit de son rêve.

- Je me retrouve bizarrement devant des garages fermés. Un homme en régit l'ouverture et la fermeture. Il me dit que c'est l'heure et il vient de fermer. Je lui explique, j'insiste, et il finit par m'ouvrir. Je suis alors face à un muret, que je ne peux pas franchir. Je m'aperçois qu'il y a un endroit moins haut, par lequel je peux passer . J'y vais. Je ne sais pas si je retrouve ce que je suis venue chercher. Je me vois seulement revenir à la maison, il n'y a plus personne. Je réfléchis pour essayer de deviner où ils ont dû aller manger. Fin du rêve. Réveil neutre.

Les garages fermés mettent en scène l'expression : remiser au garage. C'est une redite des billets enfouis au fond de l'armoire.

- Est-ce que cet homme pourrait être Ben ? Est-ce lui qui a "régi" votre relation, est-ce lui qui a fermé le garage ? Avez-vous eu des ruptures, puis des reprises ?

- Oui, dit-elle, mais moi aussi, j'ai voulu arrêter. C'était très tumultueux les deux dernières années... J'étais divorcée, mais lui, il était toujours avec sa femme, et j'en avais marre. Au début, c'est moi qui menais la relation, mais ensuite, ça a basculé...

- Alors, il y a une autre piste : Cet homme pourrait être vous - aussi. Car c'est vous qui avez "enfoui" tout ça, vous qui l'avez mis au garage, et nous avons dû chercher pas mal pour que vous acceptiez ou plutôt pour que vous compreniez qu'il y avait des informations à aller récupérer au fond de vous-même. Vous aviez "fermé le garage" en croyant que cela suffisait pour tourner la page. Or ce n'est jamais suffisant. Vous avez fini par le faire, mais il a fallu insister !

- Cela me va. Et le muret ?

- C'est l'obstacle que vous ne pouviez pas franchir. C'est la même idée, en somme. Quand vous avez réalisé que cette histoire n'était pas terminée, vous avez tout à coup trouvé un passage. Le rêve n'en dit pas davantage, parce que vous connaissez parfaitement la suite : Vous avez retrouvé cette "connaissance" qui stagnait au fond de vous et vous avez commencé à travailler dessus. D'ailleurs, la fin est transparente : Vous revenez et il n'y a plus personne. Là, il s'agit de la rupture, de la séparation, lorsqu'elle a été définitive.

- Pourtant, dit-elle, je réfléchis pour savoir où ils sont allés. (silence) C'est vrai que j'ai beaucoup réfléchi pour essayer de le récupérer, j'ai tenté beaucoup de choses, en vain...

Le rêve était donc bien lié au travail que nous avions commencé. Je lui demande comment ça se passe avec Lucienne. Sa réponse se passe de commentaire :

- Nous avons retrouvé notre complicité d'avant. Tout est redevenu normal !

Nous avons repris rendez-vous.

(à suivre)