Entretien n°4

Anouk arrive, l'air assez en forme. Les douleurs de sa hanche ne sont plus aussi fortes et elle dort beaucoup mieux.

Je lui propose d'abord le test du miroir.

- Quand vous vous mettez devant une glace (dans la réalité), vous voyez de vous une image immatérielle. C'est pourquoi le miroir est un symbole de notre âme. Quand on fait ce test en virtuel, c'est donc notre âme que nous voyons apparaître, avec des particularités spécifiques, données par l'inconscient.

- Oui, dit-elle. je me vois dedans, comme aujourd'hui. Je me trouve moche. C'est sombre. J'éclaire. Je me vois encore mieux, mais oui, c'est bien moi.

Bon. On le refera à la fin de notre entretien. En attendant, j'appelle Lucienne - qui revient !

- Elle est d'emblée toute petite. Je ne veux pas la manière forte. Je l'éclaire, elle s'effondre. Elle se consume en spirales. Là, je crois que c'est fait. Elle ne revient pas.

Elle me précise qu'elle ne l'énerve plus. La relation a effectivement changé, s'est adoucie, calmée. Devenue normale, quoi !

Très bien. J'appelle Ben.

- Je le vois. Flou. Je lui répète ce que vous me dites : Chacun dans son corps. Je te libère et je me libère... Il me dit : "S'il le faut, il le faut." [émotion].../.../ Mais vous savez, ça ne m'empêche pas de vivre !

Elle résiste donc. J'essaie de la convaincre.

- C'est vrai, mais vous vivrez encore mieux. Vous vous sentirez libre et vous serez LIBRE.

Elle m'écoute en pleurant.

- Non, dit-elle, je n'y arrive pas. Je lui tends la main pour lui dire au revoir... Il veut m'embrasser... Moi, je ne veux pas...

Cela me semble tout de même surprenant. Il y a de l'ego là-dessous. Je lui suggère de vérifier si c'est bien Ben.

- Regardez ses yeux, vérifiez son identité. Demandez-lui qui il est vraiment.

- .../... Il a le regard vide, dit-elle finalement.

C'est donc bien son ego, qui cherche à s'immiscer en elle en prenant le masque de Ben. Je lui dis de l'inonder de lumière pour le faire fondre : L'ego ne résiste pas à la prise de conscience du sujet, il ne pourra pas se maintenir.

- C'est vrai, dit-elle. Il brûle [C'était bien l'ego] Voilà. Il n'y a plus rien.

- Respirez. Voyez maintenant votre hanche.

Elle ne reçoit aucune image. Son inconscient lui signifie ainsi que le travail est fait. Normalement, elle ne devrait plus souffrir la nuit - ce qui est déjà pratiquement le cas. Je lui propose de refaire le test du miroir.

- Je me vois, un peu différente, moins moche !

(à suivre)