Entretien n°2

[Un internaute m'a fait ce retour : La tête qui sort du mur est la tête du fémur de la rêveuse. J'ai transmis à Anouk, qui n'a pas été contre du tout. Je le rajoute donc ici, en tant qu'interprétation supplémentaire, qui enrichit la parole de l'inconscient. Mieux vaut deux explications qu'une...]

Anouk ne m'a apporté aucun autre rêve. Je lui demande de me parler de ses douleurs.

- Depuis quelques années, j'ai parfois mal en haut de la cuisse, dans le creux de la hanche. C'est de l'arthrose. J'ai fait quelques séances de kiné, et surtout, je fais ma petite gym tous les matins. C'est passé d'une cuisse à l'autre. C'était ponctuel, ça me réveillait, mais je me rendormais sans problème. Depuis quelques semaines, ça m'empêche de dormir, tant la douleur est intense et dure toute la nuit. Rien n'y fait. Cette nuit, par exemple, j'ai peu et mal dormi à cause de ça. C'est très douloureux.

Le corps nous parle à travers les douleurs. Quand il va bien, il n'a rien à dire, et nous ne le sentons pas. Quand il s'exprime, nous souffrons et il est toujours intéressant d'essayer de décoder son langage. Le lieu et le type de douleur sont des éléments qui sont souvent symboliques. Ceci posé, il faut chercher des causes possibles qui, elles, seront psychiques ou relationnelles. Et on ne risque rien d'essayer, on verra bien si on obtient un résultat !

Je le lui explique.

- La symbolique du bassin, de la hanche, est évidemment maternelle, (puisque c'est ce qui tient le ventre), et donc aussi spécifiquement féminine. En revanche, le fémur lui, est très masculin. On a donc deux pistes possibles : l'une, la relation maternelle, l'autre, la relation à un homme.

Anouk rit.

- Avec mes enfants, je n'ai pas de problème, et avec un homme non plus pour une très bonne raison, c'est que je suis solitaire et contente de l'être.

- Je ne pensais pas exactement à cela. Il me semble me souvenir que vous aviez eu, il y a quelques années, avec Lucienne, la personne qui vous occupe l'esprit, une relation particulière. Il s'agissait d'un transfert maternel qu'elle avait fait sur vous.

- Ah, c'est exact ! J'y avais même sans doute un peu répondu, mais ça n'existe plus entre nous, c'est fini ! Elle est trop insuppportable.

- D'accord. Mais peut-être en reste-t-il quelque chose ? Ou peut-être même, s'est-il greffé là-dessus un autre transfert, ou projection, dont vous n'avez pas forcément conscience ? Peut-être a-t-elle tant de pouvoir sur vous justement à cause de quelqu'un à qui vous ne pensez pas, mais qu'elle vous évoque inconsciemment ?

Anouk cherche - en vain. "Je ne vois pas," dit-elle.

Avant d'abandonner la piste, je lui explique que toutes les articulations symbolisent ce qui nous "relie" à nos proches. La relation à Lucienne, difficile et conflictuelle, pourrait suffire, mais les douleurs sont si fortes que je suspecte un transfert inconscient pour les justifier. Après tout, Lucienne n'est qu'une collègue de travail. Je lui propose donc d'interroger son inconscient.

- Comment fait-on ?

- Simple : Vous appelez l'image de Lucienne. Vous la voyez ? Bien. Alors, vous l'interrogez. Qui se cache derrière toi ? Ma mère ? "Non." Mon père ? "Non." J'essaie l'ego. Pas de résultat concluant.

(à suivre)