Numéro 55 : Les rêves de cordes

Janvier 2012

Beaucoup de rêves contiennent des cordes ou quelque chose d'approchant : ficelle, fil, ceinture, collier, bracelet, écharpe, ruban, chaîne etc. On n'y fait pas spécialement attention, pourtant, la symbolique est très forte. Il s'agit du cordon ombilical qui relie le sujet à sa mère ou à son père. Toutefois, la mère est forcément plus concernée que le père...

Parlons un peu de ce cordon. Il est d'abord source de vie, pour chaque être humain. À la naissance, l'accoucheur le coupe afin de séparer physiquement l'enfant de sa mère. Toutefois, le nouveau-né reste totalement dépendant de sa maman, c'est pour cela que ce cordon, s'il n'est plus fait de chair, continue à fonctionner, mais psychiquement. Il est invisible mais très puissant, à la fois pour la mère et pour l'enfant, qui a un besoin vital de ses soins et de sa protection.

Le cordon est donc nourricier et indispensable. Une femme qui le "coupe" en abandonnant son enfant, par exemple, lui fait beaucoup de tort. C'est inhumain et contre nature. Il faudra tôt ou tard que le sujet se libère de sa génitrice - en général à l'âge adulte, quand on commence à avoir une pleine conscience des manques et des frustrations vécues dans l'enfance. C'est pourquoi l'accouchement sous x devrait être interdit, afin que le futur adulte puisse retrouver ses origines.

Quelquefois, cela correspond à la mort de la mère. C'est pareil, il faudra réparer cette terrible absence. Mais, quelle que soit la situation, il est indispensable de couper un jour ce cordon. Cela doit ou devrait se faire progressivement. En effet, au fur et à mesure que l'enfant grandit, il a de moins en moins besoin de sa mère. La première séparation se fait lors du sevrage s'il est nourri au sein, la seconde lorsqu'il accède à la marche. Ensuite, c'est l'école, avec une vraie séparation de lieu, à laquelle l'enfant s'habitue, aidé en cela par d'autres attachements, d'autres liens (comme des sortes de compensations naturelles). Il est évident qu'un enfant de quinze ans n'est plus aussi dépendant et chemine vers l'autonomie. Pourtant, certaines mères continuent à le traiter comme s'il était toujours un bébé... L'idéal est de couper son cordon - des deux côtés : la mère et le jeune adulte (car il n'est pas question de le couper avant)... Entre 20 et 30 ans, c'est la meilleure période.

Précision 1 = Couper son cordon n'est JAMAIS une RUPTURE. C'est au contraire une assurance de relation saine, sans besoin et sans pouvoir, ni d'un côté ni de l'autre. Chacun peut comprendre que c'est encore plus indispensable lorsqu'on a été abandonné !

Précision 2 = Cela ne se fait pas naturellement. Quitter la maison familiale ne suffit pas, avoir un travail, un enfant, non plus. C'est pourquoi la plupart des gens ne le coupent jamais, ce qui explique une partie des problèmes de notre humanité (par exemple, très probablement l'alzheimer).

Précision 3 = Les rêves nous disent quand ce n'est pas fait - et nous aident à le faire. Selon mon expérience, c'est la seule méthode qui fonctionne véritablement, car l'inconscient guide le sujet de façon progressive, sûre et efficace.

Il faut commencer par se poser la question : L'ai-je coupé ? ou non ?

"Bien sûr ! La preuve : J'ai rompu avec mes parents." Faux. C'est même la preuve du contraire ! Car la rupture montre qu'on a besoin de se protéger d'eux. Ce qui n'est plus nécessaire lorsqu'on a coupé ce terrible cordon.

"Bien sûr ! Ils sont morts depuis longtemps." Faux. Ce n'est pas une preuve, car le pouvoir des parents perdure souvent après leur mort. Quand ils ne sont plus là, on parle plutôt de "faire le deuil", qui a la même valeur et le même résultat quand ce travail est achevé : On se sent libre et adulte.

Quelques exemples de rêves à l'intérieur desquels, parmi d'autres choses, il y a un symbole du cordon.

Rêve 1. Des fils électriques. Il faut les éviter afin de ne pas s'électrocuter.

Traduction. Le cordon est un danger.

Rêve 2. Du linge étendu sur un étendoir.

Traduction. Le cordon est là : Prends-en conscience, car il a une incidence sur les difficulés de ta vie.

Rêve 3. J'ai perdu mon collier (ou mon bracelet) en or et je le cherche car j'y tiens beaucoup.

Traduction. Ma relation avec ma mère est précieuse, j'ai besoin d'elle, je la cherche quand elle n'est pas là. C'est un constat; mais le rêve dit aussi : Attention, ton cordon te tient, il faut le couper si tu veux être réellement libre dans ta vie d'adulte.

Rêve 4. Je suis assis à côté du conducteur (qui est ma mère ou mon père) et je mets ma ceinture de sécurité (ou on me dit de la mettre).

Traduction. Je ne conduis pas ma propre vie, je laisse un de mes parents le faire à ma place, cela me sécurise (c'est mon choix) - ou on me dit que c'est plus prudent, et j'obéis...

Rêve 5. Je veux partir (en bateau, en voiture, en vélo, peu importe) et je me rends compte qu'une chaîne me retient.

Traduction. Mon cordon entrave ma liberté. Autrement dit : Je ne fais pas ce que je veux, mes parents m'en empêchent.

etc. etc. etc.

Précision 4 = Pour couper cette chaîne, il faut d'abord en avoir conscience. Ensuite, l'inconscient se mobilise pour aider le rêveur à opérer cette coupure (voir les rêves d'eau et d'enfant).

Précision 5. = Il arrive que la personne encordée dans le rêve soit le mari ou un proche. Le rêveur reconnaît immédiatement qu'en effet, cette personne n'a pas coupé son cordon. Attention : En principe, la corde du rêve ne parle que de celle du sujet. Autrement dit son inconscient la met en garde : Tu vois la difficulté de ton mari, mais prends conscience que tu es exactement dans la même problématique que lui.

Enfin, je tiens à ajouter que les thérapeutes qui encouragent leur patient à rompre avec leur famille pour couper ce fameux cordon donnent un mauvais conseil. Cela déchire les parents (à moins qu'ils ne soient indignes, ce qui est possible mais rare), et ne règle pas le problème. Beaucoup de gourous imposent une rupture en diabolisant la famille. C'est indigne et ne pointe que le besoin de pouvoir du "maître". Les rêves (ou la visualisation) permettent une séparation propre, sans souffrance, qui débouche sur une liberté authentique. La relation change, devient saine, tout simplement : Comme le petit enfant a grandi, la vieille mère ne peut plus s'adresser à lui. Elle se repositionne donc, et parle à son fils ou à sa fille comme à des adultes. C'est ce qui change tout !