Rêve 50

Carine : Entretien 4

Carine a rêvé qu'elle était enceinte.

Il y a deux traductions possibles : Soit il s'agit de son reste d'enfance, dont elle doit se libérer. Soit, c'est la seconde naissance qui se prépare, celle de sa véritable identité, qui signe son statut d'adulte. Je ne peux prendre parti. Nous gardons les deux hypothèses.

Globalement, elle se sent un peu mieux, mais ce n'est pas encore ça. Nous faisons une visualisation pour consulter son inconscient au sujet de cette grossesse : Lui seul sait ce qu'il a voulu lui dire !

- Oui. Je vois mon ventre rond, il y a un bébé dedans. Il n'est pas tout à fait à terme, son crâne est mal formé, tout allongé... Je veux bien essayer d'accoucher... Il est moche, ce bébé... Je ne l'aime pas, il me fait peur, il me dégoûte même !

J'hésite entre son violeur et son ego. Elle ne sait pas. Elle l'interroge. Il se retourne et sourit méchamment : C'est bien l'ego !

- Il ricane et s'accroche. Il a tout à coup une tête d'adulte. Je le jette dans une poubelle, au fond, il y a l'enfer, je vois des flammes ! Je ferme le couvercle et un petit ange vient s'asseoir dessus, pour l'empêcher d'en sortir. Il me regarde, je le remercie. Il fait un cercle autour de moi avec son doigt...

Finalement, mes deux interprétations étaient fausses ! Il s'agissait de son ego. Une fois expulsé, son âme peut enfin agir... Car l'ange en est un symbole classique. Je demande à Carine ce qu'elle ressent.

- Un grand bien-être. Un apaisement. Il me laisse béate, sans voix ! Il est toujours assis, et il me dit que je peux sortir de cette chambre d'hôpital. Dehors, il y a la vraie vie, le soleil, des voitures, des gens, des arbres... C'est à cause de cette histoire que j'étais à l'hôpital. Le petit ange scelle la poubelle. Il met des cadenas partout, il ajoute des couleurs, et tout ça me guérit. Ensuite, il se met contre le mur, au-dessus du lit et il devient un petit ange en porcelaine... Ma mère et ma soeur entrent. Elles sont heureuses pour moi, elles se mettent de chaque côté du lit, et elles deviennent moi. Mon père entre à son tour, il fait oui de la tête. "Ecoute-les", dit-il.

- Cela signifie donc qu'il faut vous écouter - vous - vous prendre en compte et en considération. N'est-ce pas ? Maintenant, demandez-lui qui il est.

- Mon protecteur. Il veille sur moi.

Cela demande quelques explications. Ce père-là a la même valeur que l'ange de tout à l'heure. Il est une instance psychique, ce Père auquel nous nous adressons dans nos prières, il symbolise l'inconscient, qui est le père de la zone consciente, dont il est la source. Carine m'écoute avec attention.

- J'ai plein de déclics, dit-elle. Je comprends et je sens que ça va m'aider à me détacher de mes parents. Je les aime, bien sûr, mais je ne veux plus être une petite fille en face d'eux.

- Pour cela, il faut couper votre cordon !

Elle le voit tout de suite et le coupe sans hésiter. "Il y a un cordon coupé dans mon ventre. Et dehors, un joli bébé, cordon coupé aussi ! Il grandit vite, devient un petit garçon, un jeune homme, un homme. J'ai de l'affection pour lui, il est comme un frère. Je le vois même les yeux ouverts. On est debout, on se prend dans les bras, on se regarde en face à face. C'est comme si je le connaissais depuis des années, sans l'avoir jamais vu... Incroyable ! Tout à l'heure, je ne me sentais pas très bien et maintenant, ça va beaucoup mieux..."

*

La saison se termine et je veux finir l'histoire de Carine avant l'été. J'ai choisi dans nos entretiens les seuls éléments qui se rapportaient à son viol. Lors de la séance suivante, j'ai vérifié que son violeur avait vraiment été explulsé de son espace intérieur. Ce n'était pas encore le cas !

- Je le vois. Il danse comme un chaman. Je suis dans ma chambre, sur mon lit. Je le regarde. Il faut le détruire... Je le brûle. Il devient cendres et tout s'envole par la fenêtre.

- Je le rappelle. Revient-il ?

- Je ne vois plus que ses cheveux. en gros plan devant mes yeux. J'essaie de les brûler, mais je n'y arrive pas, ça ne prend pas. J'essaie autre chose. Une lampe, il grille dessus. Il a disparu. J'ai maintenant mal sous le nombril. C'est très lourd. C'est comme un dé qui pèse. Je l'enlève. Cette histoire m'a tant pesé ! Je vois une trace, ça fait comme un trou.

Je lui propose les outils habituels : huile, baume, eau ? "C'est bon, tout est réparé, je ne sens plus rien, c'est dingue..."

D'autres choses ont été dites, d'autres images sont venues que nous avons essayé de comprendre. Carine est partie, légère, guérie. Elle a accepté de partager son histoire.

Qu'elle en soit remerciée.

*