Rêve 48

Histoire de Carine : Second entretien

Elle arrive avec un seul rêve, reçu l'avant-veille.

- Je suis dans un amphithéâtre. Il y a beaucoup de monde. Une personne ressort clairement, par rapport à toutes les autres. Elle est habillée de blanc, elle sourit. Je ne sais pas dire si c'est un homme ou une femme, en revanche, je sais qu'elle me fait du bien - ou me veut du bien.

Avant toute interprétation, je lui demande comment elle se sent. Certes, elle se sent un peu mieux, mais elle s'est levée ce matin avec mal au ventre et un peu de diarrhée.

- L'amphithéâtre (l'université) est un symbole de connaissance de soi. Tous les personnages sont très probablement des aspects de vous : Nous sommes nombreux à l'intérieur... Cependant, le plus important est celui qui ressort du groupe : masculin ou féminin, il est certainement un aspect de vous relié à l'âme, psychique, bienveillant. Qu'il apparaisse si vite est très porteur. Le vêtement blanc indique une persona simple, un paraître qui colle avec votre personnalité authentique. Le blanc symbolise généralement ce qui est proche de la conscience (le noir évoquant l'inconscience).

La séance précédente lui a fait du bien, et ce rêve le confirme. Je propose une visualisation. Il faut d'abord vérifier le travail déjà accompli afin de le sécuriser. Pour cela, je lui suggère de voir tout l'appareil digestif : oesophage, estomac, intestin.

- Je ne vois rien au niveau de l'estomac. Mais je vois toujours, plus bas, ce long serpent noir. Il est plus petit, il va de gauche à droite, tout droit comme un morceau de bois à l'horizontale sur le nombril. Il a l'air d'être en caoutchouc noir...

Je suppose qu'il symbolise à la fois le violeur, le viol - et l'ego qui s'en est nourri.

- Impossible de l'enlever, à moins de faire un trou dans la peau... [...] Si je le sors, ça laisse un vide, un grand vide... Il a une tête de dragon, des dents pointues...

Le dragon étant un des symboles les plus classiques de l'ego, il n'y a guère de doute sur son identité. Je propose toutefois de lui poser la question.

- Qui es-tu ? [...] Il ne répond pas, mais il veut manger mes intestins...

Il faut se débarrasser de lui. Le brûler ? Le noyer ? Elle a le choix des armes...

- Je ne peux pas le brûler... ni le noyer... Peut-être lui couper la tête... Oui... Puis je la jette dans un seau de poison effervescent... Son corps ressemble à un bâton, très dur.

Je pense tout de suite à un symbole phallique, et le lui dis.

- Ah oui ! Il devient poussière et un coup de vent le disperse... Tout a disparu ! J'ai un grand trou dans le ventre, c'est comme de la poterie à pétrir, ça fait des bulles. Je pétris, je comble le trou, je remets les organes à leur place. Dans l'estomac, tout est normal. Voilà, y a plus rien...

J'explique maintenant à Carine qu'il y a de fortes chances pour que sa croissance psychique ne soit pas achevée. S'il reste une petite fille en elle, cette enfant la fragilise et fait d'elle une proie facile pour les prédateurs. C'est pourquoi il vaudrait mieux aller la chercher pour la faire grandir. Ma proposition lui convient, et je lui suggère de visualiser son utérus.

- Ah oui ! C'est effervescent, là-dedans ! Y a des bulles partout dans l'utérus... Quand j'étais petite, je me mettais toujours dans ma bulle, pour éviter les problèmes. Là, elles sont sorties... C'est marrant, je ne vois plus rien, mais j'entends le cri d'un bébé. Je ne le vois pas, c'est vide, mais je l'entends...

- Cela semble signifier que la petite fille que vous étiez n'a pas été entendue - et c'est peut-être à vous de l'entendre, maintenant !

Cela lui évoque tout de suite un problème relationnel avec ses parents. Elle se revoit petite fille.

- Elle est toute petite, debout, comme dans un dessin animé, je la vois à travers le trou de la serrure. Elle est enfermée dans cette situation.

- Ouvrez-lui la porte, libérez-la ! Et expliquez-lui ce que vous êtes en train de faire...

- J'ai la clé, j'ouvre. Elle est dehors avec moi, elle me donne la main. Je lui parle, elle explose de joie, elle est enfin entendue ! elle en pleure d'émotion et de joie...

Je lui fais corriger la situation qui lui a posé un si fort problème.

- C'est fait ! La petite part en courant dans un champ de fleurs, je la suis. Elle grandit, elle arrive à 17, 18 ans...

Carine continue à évoquer son adolescence et les petits problèmes qu'elle a connus, tous en relation avec sa mère, comme tous les adolescents qui veulent se positionner en fonction et en opposition au pouvoir parental. Elle réalise tout cela en même temps que son image continue à évoluer.

- J'arrive plus à me concentrer, dit-elle, j'ai envie de rigoler, je sais pas pourquoi... C'est cool de réaliser certaines choses et de voir que ça colle si bien ! On a fait encore plus fort que la dernière fois, assure-t-elle...

Je lui donne un rendez-vous pour la semaine suivante.

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