Rêve numéro 41

Le rêve.

C'est la nuit. Nous sommes un groupe et nous devons aller voir... les muses. C'est une expérience qui exige un rituel de respect et de patience. Nous devons passer par de l'eau, ni rivière, ni mer, ni canal - et tout ça en même temps. Nous devons avancer en silence, y aller doucement, et attendre. Je vois des gens nager, ce sont des gens qui savent, qui connaissent les lieux, et qui nous précèdent, peut-être pour nous annoncer. Je suis sur un îlot, un peu en retrait, avec une femme. Nous faisons le tour de cet îlot, puis, notre groupe doit s'avancer dans la mer. Je reste avec cette personne, j'attends. Les muses arrivent, je les entends d'abord : des chants et des mélodies les annoncent. Ca y est, elles arrivent, on les voit. C'est du vrai, du concret, alors que j'attendais quelque chose de magique et de spirituel. Je suis surprise, c'est tellement concret ! On s'approche du groupe des muses. C'est facile, possible, je n'aurais jamais cru ! On se rapproche et elles ne disparaissent pas. Ensuite, avant mon réveil, je sais qu'on a partagé quelque chose, de la nourriture, peut-être.

La situation.

La rêveuse est venue quatre mois avant, porteuse d'une détresse intense, liée à un abus sexuel dans la petite enfance. La première séance a porté là-dessus. Puis nous avons traité sa mère et débusqué son ego - parallèlement actifs en elle. Nous avons fait grandir la petite fille, et la relation avec sa mère s'est rapidement améliorée de façon spectaculaire. La visualisation lui correspondant parfaitement, elle s'est battue victorieusement contre son ego, qui la détruisait jusque-là sans difficulté par des idées et pensées très négatives. Les autres problèmes de sa vie ont été aussi abordés, traités et améliorés, sinon guéris...

Elle m'apporte ce rêve à la neuvième séance, disant d'abord que tout est réglé avec sa mère, et que c'est fabuleux. Son ego n'a plus de place, c'est elle qui commande et qui pense dans sa tête, ce n'est plus lui. Bon débarras. Elle a rencontré quelqu'un et tout baigne dans sa jeune vie. Tout s'est réglé, tout est devenu facile, positif, naturel, tout coule de source, c'est un bonheur de la voir et de l'entendre !

- Je suis enfin "finie", enfin moi-même, absolument et complètement !

Et cela se voit.

L'interprétation.

Elle est simple. Les muses symbolisent son âme, sa véritable identité, qu'elle a enfin réussi à rencontrer, parce qu'elle a installé en elle le respect et la patience nécessaires pour les rencontrer - pour se rencontrer. C'est la connaissance de soi, qui passe par la traversée de ses eaux intérieures, par son inconscient, dans lequel elle a accompli un premier tour (elle a fait le tour de l'îlot). Tous les personnages sont des parties d'elle-même, celles qui savent et qui connaissent le chemin pour accéder à sa vérité. Elle y est allée doucement et avec respect (elle a visiblement acquis le respect d'elle-même, du coup les autres la respectent aussi et cela change tout dans sa vie).

Ce qui est amusant, c'est le passage où elle est surprise de voir que les "muses" sont aussi concrètes, aussi vraies, alors qu'elle attendait du magique et du spirituel. Mais il faut bien savoir qu'il n'y a rien de plus vrai et de plus concret que notre âme, notre véritable identité. Lorsqu'on se connecte à elle, on peut guérir de tout ce qui nous fait souffrir et que l'ego entretient de façon sournoise en distillant ses pensées mauvaises que nous croyons nôtres. Tout cela est fini pour elle. Dans le rêve, à un moment, elle sent des choses aquatiques la toucher par derrière. Elle déteste ça et s'en va. C'était une tentative de son ego pour la récupérer. Et, à la fin du rêve, elle est adossée à des racines d'arbres qui sortent d'un talus contre lequel elle est debout. Cela signifie qu'elle est consciente de ses racines (ses parents), mais qu'elle est libre (debout) et nourrit son âme en partageant un repas onirique avec ses "muses". Elle s'est rencontrée.

- Oui, dit-elle. Je suis moi, je me suis trouvée, je suis aboutie. Je le respire, c'est une évidence. Et c'était vital. Je ressens un apaisement incroyable. Mon parcours, mes obstacles, seront les miens, mais ce ne seront plus les mêmes. Je ressens cette force, ce couple qui aspire à naître, à se construire. Mes entretiens avec cet homme que j'ai rencontré, je n'ai jamais vécu ça. C'est extraordinaire...

Bien entendu le diagnostic est simple : la thérapie est terminée, même si j'ajoute un conseil : continuer à noter ses rêves et me consulter si un jour, elle ne les comprend pas ou plus. Le but, c'est de toujours rester connecté à son identité propre : son âme bienveillante, capable de la guider dans son bien-être, autrement dit sur un vrai chemin spirituel.

 

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