Rêve n°36

Le rêve.

Je me réveille morte dans la maison de mon enfance. Mes parents divulguent la nouvelle. J'attends les gens pour mon enterrement. Très peu viennent. Je suis assez étonnée. Arrivent deux amis à moi. Quand ils me voient - non morte - ils ne sont pas particulièrement surpris. Je leur explique que je suis morte depuis ce matin. Ils ne réagissent pas. Je les regarde partir. Ils montent dans un bateau en train de couler. Je dis à mes parents que, si je suis morte, c'est parce que ma mère m'a opérée de la tête hier. J'ai enfin trouvé la cause de ma mort ! Au fur et à mesure que la journée passe, je me sens de mieux en mieux. Je dis finalement à mes parents que je ne suis pas morte : Heureusement qu'on ne m'a pas enterrée...

La situation.

Anne a appris quelques jours auparavant qu'elle avait un "neurinome" sur le nerf auditif. La tumeur est toute petite, mais elle peut provoquer une surdité (elle entendait mal, c'est la raison pour laquelle elle avait consulté) et l'opération (si on la décide) peut se solder par une paralysie faciale. Elle a d'abord été totalement paniquée, a fait des recherches sur internet, où elle a appris des tas de choses qui ne l'ont pas spécialement rassurée. Elle a pris rendez-vous chez un chirurgien spécialiste de ce genre de tumeur et a bien entendu consulté son autorhino. Ayant toutes les informations possibles sur ce type de tumeur, elle a réussi à se calmer.

L'interprétation.

Anne a longtemps été hypochondriaque : le moindre bobo était un cancer. La cause de ce comportement est en général l'ego, qui distille les angoisses de maladie et de mort. Elle a travaillé sur ses rêves et a fini par se débarrasser de ces angoisses qui la dépassaient. Maintenant, elle les domine sans grande difficulté. Certes, lorsqu'elle a appris qu'elle avait un neurinome, elle n'a pas été tout de suite capable de contrôler la situation. Toutefois, elle a réussi à retrouver son calme en moins de deux semaines. Quand elle a reçu ce rêve, elle avait pris la décision de ne pas se faire opérer et d'attendre tranquillement le second examen (prévu un an plus tard) pour savoir comment la tumeur avait évolué. Le rêve développe cela en utilisant un jeu de mots :

TUMEUR = TU MEURS.

Or, justement, Anne ne meurt pas dans le rêve. Au départ, son ego l'a jetée dans un profond désarroi : Tu es morte. Mais très rapidement, elle a repris le contrôle. Tous les personnages du rêve la symbolisent. Ses parents sont des aspects d'elle-même, ainsi que ses deux amis. Tout s'enchaîne avec beaucoup de pertinence, selon la logique de l'inconscient : Au départ, elle a divulgué la nouvelle tout autour d'elle, bien sûr, mais surtout au-dedans d'elle-même. Et finalement, toutes les parties d'elle-même n'ont pas participé à ce "tu meurs". Les deux amis sont repartis en montant sur un bateau en train de "couler". Cela symbolise la partie d'elle qui pouvait effectivement "couler" = plonger dans la déprime. Cependant, elle a vite compris que tout se passait dans sa tête, au propre (le neurinome se trouve effectivement là) mais aussi au figuré, dans son mental, où son ego s'était jeté sur la tumeur comme la pauvreté sur le monde... En trouvant la cause de sa mort, elle identifie la traitrise de son ego. Dans cette analyse, sa mère peut symboliser son ego, ou bien elle-même, qui s'est "opérée" de la tête en en sortant justement son ego-tumeur, qui voulait sa mort. Du coup, la journée avance et elle va de mieux en mieux. C'est le cas dans la réalité. Son ego a triomphé trop vite, il l'a enterrée trop tôt, finalement, elle n'est pas morte !

Bien entendu, la rêveuse est d'accord avec cette traduction. Aujourd'hui, elle vit tout à fait normalement, elle ne pense que rarement à son neurinome, elle a complètement contrôlé son ego dans cette épreuve. Elle attend son prochain rendez-vous sereinement. Seul, le problème organique sera traité par le chirurgien, selon l'évolution du neurinome, mais c'est Anne qui en décidera. Le problème psychologique est totalement dominé et réglé par la rêveuse.

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