Rêve numéro 30

Le rêve.

Je suis chez moi. J'ouvre la porte d'une petite pièce qui me sert de débarras. À ma grande surprise, je vois un énorme cheval sur un talus de pierres blanches. Il me regarde, comme s'il allait mourir. Il m'appelle à l'aide, visiblement. Mais je ne peux pas le secourir. Je lui dis : "Mais que fais-tu là ? Je ne peux rien pour toi." Et je referme la porte, malgré mon énorme culpabilité.

La rêveuse.

Fanny a 35 ans. Elle a reçu ce rêve et il la hante. Elle en parle à tout le monde autour d'elle et quelqu'un lui conseille de m'appeler. Comme je connais la symbolique du cheval, je me doute bien du problème, mais avant toute chose je lui demande comment cela se passe avec sa mère.

- C'est très difficile, me dit-elle. Il n'y a pas d'amour véritable, seulement un attachement négatif qui me pèse et me coûte terriblement. Elle est dépressive depuis ma naissance. Je la soutiens depuis toujours. Quand elle n'est pas bien, je vais à son secours, mais il y a beaucoup de colère en moi...

L'interprétation,

du coup, coule de source :

- Le cheval est un symbole de la mère, parce qu'il porte l'homme comme elle porte l'enfant. Mais là, le problème est simple : c'est vous qui la portez. C'est la relation mère-fille inversée. C'est contre nature, mais malheureusement très fréquent. Cela explique votre colère et je suppose que vous en avez assez, puisque vous lui dites dans le rêve que vous ne pouvez plus rien pour elle. Cependant votre culpabilité plombe encore votre décision, ce qui signifie que vous n'êtes pas encore libérée d'elle, même si vous le souhaitez. Le petit réduit symbolise certainement l'utérus, mais ici, c'est le vôtre et non le sien, puisqu'il est dans votre appartement. Ce type de situation est très douloureux et la seule issue, c'est la coupure du cordon.

Elle me confirme qu'elle est en psychothérapie à cause de sa mère. Au fur et à mesure de mes paroles, son rêve s'éclaire et devient lumineux, ce qui lui apporte un intense soulagement.

Remarque.

Toutes les mères devraient savoir le poids qu'elles font peser sur leurs enfants lorsqu'elles ne réussissent pas à trouver leur équilibre. Le pouvoir des mères est incommensurable - qu'elles l'utilisent, ou pas. La solution, c'est la libération par la coupure de ce cordon symbolique qui n'est généralement coupé qu'à la naissance. L'idéal, évidemment, c'est que les deux parties le fassent, la mère et la fille... chacune de son côté. Cela vaut pour le fils aussi ! Cependant, dans le cas de Fanny, sa mère doit effectivement "couper son cordon" - mais avec sa propre mère, ce qui lui permettrait de ne plus demander à sa fille de remplir ce rôle... Leur relation en serait totalement transformée.

En attendant, si Fanny réussit à couper le sien, elle se sentira de toute façon libre en face de sa mère, et elle installera enfin une relation "saine", sans dépendance de son côté à elle, si bien que sa mère se réajustera malgré tout à son nouveau comportement. Peut-être même fera-t-elle à ce moment-là un travail psy sur elle-même... Qui sait ?

Voici enfin une hypothèse à méditer : Si toutes les jeunes femmes se libéraient de leur mère (et de leur père...) AVANT d'avoir un enfant, cela serait une garantie de bien-être pour elles-mêmes et bien sûr pour leur bébé également. Beaucoup de problèmes seraient évités, y compris celui de ne pas pouvoir construire sa vie sentimentale ou même de ne pas pouvoir tomber enceinte : La petite fille qui reste en elles est tout à fait incapable d'assumer ce genre de chose et, dans de nombreux cas, cela entrave toute une vie...

 

*