Rêve numéro 26

Le rêve.

Je passe la soirée chez une femme que je n'apprécie guère. Je traîne et, finalement, je dors chez elle. Le matin suivant, je traîne et traîne encore. Mon mari me met alors la pression, à cause de notre petite-fille dont nous avons la garde le mercredi. Il faut s'occuper de son repas, de son bien-être, tout préparer pour elle avant qu'elle n'arrive. Il me gonfle tellement que je décide de rentrer rapidement à la maison. Je me rends compte alors que je me suis incrustée chez cette femme, qui m'avait pourtant dit qu'elle ne voulait pas me fréquenter - ce qui est vrai dans la réalité. Pour être polie, je vais lui dire au revoir. Elle se montre froide, puis se force pour me sourire. Finalement, elle me dit : "J'ai besoin d'un peu de temps. L'année prochaine, ça ira mieux."

La rêveuse.

Simone a 50 ans. Depuis longtemps, elle a un ami très proche qui fait beaucoup de choses pour lui rendre service. Elle les a d'abord acceptées avec gratitude, mais à la longue, elle se sent étouffée par son excès de gentillesse. Son seul souci, c'est de lui simplifier la vie, et tout ce qu'il fait, il le fait pour son bien. Mais cette sollicitude finit par être insupportable à Simone, car elle se sent comme une petite fille en face de lui, infantilisée comme si elle n'était capable de rien sans lui. Depuis quelque temps, elle se montre parfois odieuse avec lui, puis elle se le reproche, car il se met en quatre pour lui faire plaisir. Elle a donc décidé de mettre un terme à cette situation, mais elle n'y parvient pas, par crainte de le peiner. Le rêve met parfaitement en scène cette relation devenue étouffante.

La traduction.

La femme symbolise cet aspect de Simone qu'elle n'apprécie guère, et qu'elle ne veut plus fréquenter. Pourtant, elle se retrouve chez elle, sachant bien qu'elle veut arrêter son comportement. Mais elle traîne à le mettre en oeuvre. Son mari symbolise alors cet ami, qui insiste beaucoup pour prendre soin d'elle comme d'une petite fille, ce qui la gonfle effectivement beaucoup. Excédée, elle décide de rentrer chez elle : de se prendre en charge, très probablement. Mais elle veut d'abord, par politesse, dire au revoir à cette partie-là d'elle-même. Et c'est alors qu'elle s'entend dire qu'elle a besoin d'un peu de temps, effectivement, afin de quitter ce fonctionnement de façon définitive. Quand elle y sera arrivée, cela ira mieux.

Simone reconnaît sa propre situation intérieure. Avec cet ami, elle se montre froide et se force maintenant pour lui sourire ou être aimable. Son inconscient lui rappelle fort à propos que c'est d'abord une histoire entre elle et elle. Elle entérine cela sans difficulté, car elle se fait beaucoup de reproches vis-à-vis de cette situation. Elle a eu plusieurs rêves du même genre, jusqu'à ce qu'elle finisse par pouvoir exprimer son ressenti. Ce qu'elle a fait sans culpabilité et avec beaucoup de tact. Cela s'est finalement très bien passé et leur relation, au lieu d'exploser à force d'étouffer, a pris une autre tournure, plus saine - et donc susceptible de durer.

Il est intéressant de mettre ce rêve et la situation qu'il décrit avec celui qui montre le point de vue inverse : La rêveuse était dans la relation d'aide à tout prix, elle se sacrifiait pour les autres, et le résultat n'était satisfaisant ni pour elle, ni pour son ami à la dérive. (Rêve 23 de cette série et aussi Rêve 17, accessible dans la série 2 : De l'inutilité des choses...)

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