Rêve numéro 11

Voici pour ouvrir cette nouvelle série, le rêve d'une maman, divorcée, mère de deux enfants. Son fils Jean est âgé de quatorze ans, sa fille, Lucie, de onze ans.

Le rêve. Je suis chez moi et je m'aperçois que les voisins traversent mon jardin pour aller à l'extérieur. Ils ouvrent le portillon du fond et passent devant la maison, comme si c'était une voie publique. J'attrape un enfant au passage et l'informe que je ne les autorise pas à passer sur mon terrain. Les adultes se le permettent, et je lui dis de le leur faire savoir. Or, je les revois passer furtivement. J'ai déjà fait ce rêve. Je sais que c'est mon droit, que je n'ai jamais donné la permission, que les gens savent qu'ils n'ont pas à le faire. Il va donc falloir que je m'en occupe sérieusement, que j'aille au-delà de ce que j'ai déjà fait. Je dois y mettre plus de fermeté, et prendre des mesures efficaces.

L'investigation. Elle est très simple car le rêve met forcément en scène une situation parfaitement connue par la rêveuse. Elle sait de quoi il s'agit et c'est un problème auquel elle a déjà pensé, ou même auquel elle pense souvent, puisqu'elle a déjà fait ce rêve. Il n'y a donc qu'une question à lui poser : QUI empiète sur son territoire ? Qui outrepasse ses droits ? QUI n'obéit pas à ses injonctions ?

La réponse. Elle est immédiate : Il s'agit de sa fille, la petite Lucie, qui est d'une exigence insupportable avec sa maman. Elle veut constamment la diriger, obtenir d'elle un oui lorsque le non a été formulé, influencer ses décisions, quitte à la manipuler ou à la harceler. C'est extrêmement pénible et la maman est à bout. Quand on relit le rêve avec cette clé, on est surpris de sa clairvoyance et de la justesse du propos.

- Elle me contrôle, me surveille, me souffle ce que je dois dire, s'impatiente si je tarde deux secondes. Elle est prise dans un mécanisme dont elle n'arrive pas à se défaire. Après, elle le regrette et s'en veut énormément. Elle a toujours été ainsi, encore bébé, elle était déjà exigeante ! Elle m'épuise depuis sa naissance.

Analyse. C'est l'enfant que la rêveuse morigène, et le rêve montre que cette enfant se conduit comme une adulte sans gêne, qui n'en fait qu'à sa tête. Lucie sait que c'est interdit, mais elle le fait quand même (furtivement). Le pluriel (les voisins) met en scène ses nombreux comportements qui bravent l'autorité maternelle. La récurrence du rêve indique toujours qu'il n'a pas été compris. Ici, cela précise à la mère que sa stratégie ne fonctionne pas, puisque la situation est toujours la même. Elle dit elle-même qu'elle doit y mettre plus de fermeté et prendre des mesures efficaces.

J'explique l'attitude de Lucie par l'ego. Cette enfant a un ego extrêmement volontaire et hargneux. Il ne veut pas lâcher. C'est ce qui la rend malheureuse, et qui empoisonne les autres, tout autant qu'elle-même. Je rappelle un principe très simple, à mettre en oeuvre dès le début de l'éducation : Il faut aimer l'enfant et corriger son ego, donner de l'amour au petit humain et cadrer le fonctionnement abusif du petit animal qui se trouve aussi en lui. Pour cela, il est préférable que l'adulte soit suffisamment sûr de lui. La mère de Lucie se pose beaucoup de questions, elle met facilement en doute ses actes : L'enfant le sent et son ego cherche à en profiter. Il y a donc deux solutions : Soit, la fillette régule son ego et lui apprend à obéir en comprenant ce qui se passe à l'intérieur d'elle. Soit sa maman prend suffisamment de force d'âme pour le lui faire faire, en le lui imposant de l'extérieur.

C'est la seconde situation qui se met tout naturellement en place, puisque la mère fait un travail sur ses rêves, travail qui lui a déjà apporté de l'assurance dans le domaine du travail, de la relation aux autres, y compris ses propres parents. Lorsque Lucie sentira qu'il n'y a plus de failles dans les propos de sa mère, elle cessera - en principe - de la harceler pour obtenir ce qu'elle souhaite.

 

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